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L’Afrique, dernier eldorado pour l’industrie du jeu vidéo

Ils reposent les manettes et se tapent dans la main pour signer la fin d'une bonne partie: l'Afrique, où le nombre de joueurs a plus que doublé ces dernières années, a des airs de dernier "eldorado" pour l'industrie lucrative du jeu vidéo.

Plus grand marché du continent avec 40% de sa population amatrice de jeux, l'Afrique du Sud réunit depuis mercredi au Cap quelque 2.500 adeptes, développeurs, studios et investisseurs pour la quatrième édition de l'Africa Games Week – grand-messe du secteur sur le continent à laquelle certains participent en ligne.

"L'avenir de toute cette industrie, et même plus, est en Afrique. On a un eldorado", estime auprès de l'AFP Teddy Kossoko, Centrafricain fondateur du studio Masseka Games basé en Europe mais qui crée des jeux racontant l'histoire africaine.

Bridée par des infrastructures et un réseau parfois défaillants, ainsi qu'une fourniture en électricité pas toujours sûre, l'Afrique est traditionnellement loin derrière le reste du monde en la matière.

Et la plupart des jeux sur le marché proviennent des Etats-Unis, d'Europe et du Japon: le contenu africain est négligeable, regrette Alexander Poone, fondateur du studio sud-africain Dream Shards.

Le secteur a pourtant connu une montée en flèche ces dernières années, le nombre de joueurs en Afrique subsaharienne passant de 77 millions en 2015 à 186 millions en 2021, selon une étude du cabinet spécialisé néerlandais Newzoo.

Boom africain

Et le marché promet d'être lucratif puisque 63 millions de ces joueurs choisissent des jeux payants, utilisant notamment des monnaies numériques. La quasi totalité d'entre eux (95%) jouent sur des téléphones portables, reflétant aussi un meilleur accès à internet à des prix abordables.

"Dans les prochaines années, nous allons assister à un pic de croissance", prédit Nick Hall, cofondateur de l'Africa Games Week. L'Afrique abrite le "dernier marché inexploité de consommateurs", et comme l'Inde et la Chine, le continent a le potentiel pour dépasser le milliard de joueurs, estime-t-il.

Aujourd'hui, de nombreux éditeurs de jeux réclament des contenus locaux, poursuit M. Hall. Et pour profiter du boom africain, les développeurs doivent s'appliquer à travailler avec des créateurs de jeux venus du continent, recommande-t-il.

Au Kenya, la société de création Usiku Games fabrique des contenus où les habituels combattants empruntés aux mangas sont remplacés par des personnages africains.

"Nous avons créé un jeu mobile dans lequel vous pilotez un avion, et au lieu de lâcher des bombes pour essayer de détruire des choses, vous lâchez des graines et essayez de planter des arbres", explique Jay Shapiro, fondateur de la société.

Le pays d'Afrique de l'est a pour objectif de faire passer sa surface forestière de 7% à 10% d'ici la fin de l'année. Selon M. Shapiro, le jeu contribue à la réalisation de ce projet. À la fin, les joueurs sont félicités pour le nombre d'arbres virtuels plantés et ils peuvent les transformer en arbres réels contre un don d'un shilling kényan (0,008 euros) par unité.



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