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Le Président Mohamed Bazoum, otage oublié au palais de Niamey

Son sort préoccupait la communauté internationale au lendemain de sa chute du pouvoir. Mais, le Président Mohamed Bazoum, séquestré dans une aile du Palais présidentiel nigérien, n’est plus que l’ombre de lui-même.   

Quand il dirigeait le Niger, il était choyé, couru. On l’accueillait en grande pompe dans les palais occidentaux et africains. Poussé par la France, il se permettait même de lancer des piques à la junte malienne. Quand il a été renversé le 26 juillet 2023 par le général Tiani, l’actuel homme fort du Niger, il était aussi au centre des préoccupations de la Cedeao, de l’Union européenne, des Américains et d’autres grandes puissances internationales.  

Même après avoir été renversé, Mohamed Bazoum se présentait comme le président en exercice du Niger, même s’il avait commencé à perdre les manettes du pouvoir. Ce qui a permis durant des mois aux institutions internationales et aux capitales du monde entier d’appeler à son retour au pouvoir. Il était considéré comme le président démocratiquement élu. S’étant rendu de la réalité que le retour de Bazoum au pouvoir était devenu une utopie, la Cedeao a fini par ravaler son premier chapeau: l’intervention militaire au Niger pour rétablir Bazoum dans ses fonctions de président. 

Soutenue par la France, la Cedeao avait indiqué avoir activé sa force en attente pour chasser les militaires ayant arraché le pouvoir aux mains de Bazoum. Faisant un pas en avant, deux pas en arrière, les chefs d’Etat de la Cedeao s’étaient rendus compte du risque énorme qu’une intervention militaire au Niger allait créer le chaos au Sahel. Surtout que les juntes burkinabè et malienne avait menacé de venir en aide à leurs frères d’armes du Niger au cas où ils auraient à faire face à la force de la Cedeao. La Cedeao ravale son deuxième chapeau. Le fait d’avoir accepté que les représentants de la junte nigérienne, siègent au sommet d’Abuja, a enterré toute velléité de restaurer Bazoum dans ses fonctions. 

Même étant détenu, l’ancien président du Niger voyait son Premier ministre et son ministre des Affaires étrangères jouer les beaux rôles dans les conférences internationales et sommets dédiés au Niger. Convaincue que l’intervention militaire n’était pas la bonne solution et que des sanctions contre Niamey causaient beaucoup de dommages aux pays voisins, la Cedeao a fini par capituler. Au même  titre que les Occidentaux qui, au début ont fermé les yeux, sur la force de frappe de Tiani et des alliés russes, ont fini par ouvrir les yeux pour faire face à la réalité. Et se rendre à l’évidence que Bazoum, c’est du passé et que son sort est entre les mains de la junte. Cela fait neuf mois, ce 26 avril, depuis que Mohamed Bazoum a été renversé. Oublié par la communauté internationale, la junte l’accuse depuis octobre d’une tentative d’évasion.  

Oeil d'Afrique



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