Interview
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« MOTEMA » le fonds solidaire de la diaspora congolaise, une initiative de Marien Fauney Ngombé
Soutenir les femmes commerçantes dans l’économie informelle à partir du fonds solidaire « MOTEMA »
Le 8 avril prochain, Marien Fauney NGOMBÉ, citoyen congolais engagé depuis de nombreuses années va lancer le fonds solidaire «Motema». Nous avons pu échanger avec lui sur ce projet qu'il porte avec le Think Tank ACC, sur son parcours et son calendrier 2023.
Oeildafrique: Bonjour Marien, comment devons-nous vous présenter? Comme un acteur politique, acteur culturel ou acteur de la société civile tout simplement?
Marien Fauney NGOMBÉ : Bonjour et merci de mettre mon engagement en lumière. Toutes ces désignations me conviennent. Je fais de la politique au sens noble du terme et en tant que citoyen, j'initie des projets associatifs et entrepreneuriaux. La politique a trait à une vision que l'on porte au service du mieux vivre de tous. En ce sens, avec ce que je fais et par mes engagements multiformes, je fais de la politique. Mais je reste avant tout un acteur de la société civile.
Avant de parler de 2023, revenons sur 2022 avec votre prix d'acteur culturel de l'année reçu pendant l'événement Congo Na Paris et sur votre prix littéraire de l'académie des Baobabs reçu pour votre roman "Tant que l'équateur passera par Penda". Vous l'avez vécu comme une récompense de toutes ces années d'organisation d’événements culturels mais aussi pour toutes vos publications?
Oui, ces prix m'ont beaucoup touché. Je le vis comme des encouragements.
Mon roman est le prolongement de mon engagement associatif pour le village de Makoua. Il raconte la trajectoire d'une famille qui vient de Makoua Penda et qui accède aux sphères du pouvoir. J'interroge le destin de notre pays en même temps que je rends hommage à cette localité entourée de nombreux mystères. C'est pour dire que recevoir une distinction pour ce roman est un vrai symbole pour moi. Pour la distinction d'acteur culturel, je partage ce prix avec les membres du Think Tank Ateliers Citoyens du Congo avec qui nous organisons les Soft Power Days pour parler du rayonnement du pays. Mais il faut dire qu'avant les ACC, j'ai initié des projets littéraires et autres productions musicales. J'ai une pensée pour les structures comme So'Art ou encore pour les jeunes de l'AECF (Association des étudiants congolais de France, Ndlr) avec qui j'ai porté des projets aussi.
Votre première publication date de 2011. Depuis cette année, vous avez fait de nombreuses choses. Quels sont vos projets les plus marquants ?
Ce n'est jamais évident. Mais, j'ai un souvenir que j'évoque peu. Un concert de rumba organisé sur une péniche parisienne avec des artistes comme Doudou Copa ou Sheita Spoon. Ce qui m'a marqué, c'était le contexte. A cette époque ceux qu'on appelait «les combattants» s'opposaient à tout concert sur Paris. Il nous avait fallu du courage pour le faire. Un joli souvenir.
Mais il faut dire que chaque projet a son lot d'émotions. Le projet du recueil de nouvelles «Franklin l'insoumis» était aussi ambitieux. 14 auteurs africains réunis pour rendre hommage à une figure de la musique congolaise: Franklin Boukaka. J'ai peur de devoir en citer plusieurs tant les souvenirs sont nombreux. Je suis toujours enthousiaste quand il s'agit de porter haut les couleurs de mon drapeau.
Venons en à 2023. Chaque année vous semblez avoir des concepts nouveaux. Après les rencontres Soft Power Days, cette année, vous lancez Héritage Congo?
Mon engagement est de veiller à ce que la flamme patriotique reste vive en chaque congolais. C'est mon engagement politique. Notre pays est gangrené par le tribalisme. Un tribalisme qui trouve sa source dans le fait que le deux poids deux mesures soit trop présent au Congo. Nous sommes tous comptables de cela. Mais certains plus que d'autres. Dans ma position d'acteur de la société civile, j'essaie de prendre mon bâton de pèlerin pour partager ma vision.
Les Soft Power Days permettent de donner la parole à ceux qui font rayonner le Congo dans un domaine particulier et de penser à un écosystème pour favoriser la création d'une économie.
Héritage Congo, c'est la rencontre du récit national congolais: des parcours inspirants vont se raconter et des historiens et autres experts conteront des pages glorieuses de notre roman national. En plus de cela, il y aura de la musique et des stands avec des plats de chez nous.
En 2021, à la veille de l’élection présidentielle, vous aviez lancé un jeu concours pour recueillir la vision de la jeunesse sur le Congo de demain, les congolais ont pu vous entendre sur les antennes de nos confrères de RFI pour l'expliquer et cette année vous lancer le Fonds de la diaspora. L'argent reste le nerf de la guerre pour vous.
On avait lancé le challenge Congo 2021 pour le symbole. Vous savez les jeunes aujourd'hui baignent dans une société de consommation rapide. La connaissance, la pensée complexe, les longues études : beaucoup s'en sont détournés. Je ne jette pas la pierre car cela est en partie dû au taux de chômage élevé chez les jeunes diplômés. Mais en plus de cela je pense que la matière grise n'est pas assez valorisée. Notre démarche était de dire que la réflexion, les idées aussi peuvent et devraient avoir une valeur pécuniaire, à plus forte raison quand on réfléchi sur l'avenir de son pays.
Concernant «Motema», c'est un fonds solidaire qui sera lancé le jour de la rencontre Héritage Congo. Nous avons un partenaire qui va nous accompagner sur ce projet : TapTap Send. Une société de transfert d'argent qui va permettre via le Mobile Money de recueillir les dépôts des participants. Cet apport technique va simplifier la faisabilité des choses. Notre partenaire va compléter les premiers dépôts par une somme de 5 euros supplémentaire également. Une mesure incitative qui va nous aider. Ce fonds solidaire parie sur la mobilisation de la diaspora de France au départ et même hors de France. Pour la première année, nous souhaitons soutenir «les mamans du marché». Un comité va sélectionner les récipiendaires et nous en dirons plus bientôt.
En 2022, vous avez également pris la parole à l’Assemblée nationale française, lors de la conférence "Brazzaville, capitale de la France libre" organisée par le député français d’origine congolaise Carlos Bilongo. Une année riche en engagement. Que pouvons-nous vous souhaiter pour 2023 ?
Pour 2023, je souhaite avoir la santé pour avoir l'énergie d'amorcer de nouvelles choses. La santé avant tout.
- Un dernier mot ?
Trois mots si vous le permettez : Merci - Héritage - Congo.
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