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RDC : Maladie du Président rime avec secret défense

Voici l’opinion congolaise réduite à s’en remettre au jeu de ping-pong entre des tabloïds belges et le tweet, par nature laconique, du porte-parole du Président de la république démocratique du Congo au sujet de l’état de santé du chef de l’Etat. Difficile dans ces conditions de… guérir du conditionnel. Une maladie qui tue l’info depuis la nuit des temps.

Autant tout de même l’avouer tout de go. En matière de santé des chefs d’Etat, l’omerta est-encore hélas- la chose la mieux partagée à travers le vaste monde. Cette loi du silence ne fait pas partie de ces nombreuses spécialités et spécificités que la terre entière nous envie. Loin s’en faut.

Question : devrions-nous perpétuer ce qui a tout d’un « secret défense » ? La réponse est mille fois non.

D’abord, parce que tout trivialement tomber malade est humain. On pourrait même paraphraser René Descartes avec la formule : "Je suis malade donc je suis" . Nier cette évidence c’est se tromper à soi-même.

Il est vrai que le piédestal suprême et tous les mythes, rites, cérémoniels, honneurs et fastes qui s’y rattachent finissent par inoculer une illusion d’invulnérabilité au « monarque« . Du haut de sa majesté, Napoléon Bonaparte aimait à dire : "l’Empereur ne connait qu’une maladie : la mort". Les Zaïrois ont encore en mémoire les déclarations du Président Mobutu qui disait n’avoir jamais été sur un lit d’hôpital. Il est mort de … maladie. Paix à son âme.

Ensuite, verrouiller l’information en rapport avec la santé d’un dirigeant est contreproductif en ce qu’il ouvre la voie à toutes les rumeurs et autres spéculations anxiogènes. Le pays perd en sérénité ou s’enfonce dans la sinistrose, selon l’indice du moral. En l’occurrence, pas la peine d’être un crack en philosophie du comportement ou en sociologie pour savoir que le moral des Congolais est à l’image de leur ordinaire. C’est-à-dire en berne pour les estimations les plus optimistes et carrément au bas du mât.

Enfin, la maladie d’un Président de la république déborde de la sphère de l’intime. Car, par définition un chef d’Etat conduit les destinées d’une nation. A partir de là, la frontière entre vie privée et vie publique devient ténue. Voire quasi inexistante.

Il ne reste plus qu’à souhaiter une santé de fer ou un prompt rétablissement à notre "Fatshi national" . C’est selon.

José NAWEJ



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