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Lomé, la capitale togolaise accueille depuis mercredi les états généraux de l’Eco. Près de 200 invités participent aux travaux de ce colloque scientifique international qui planche sur la future monnaie de l’Afrique de l’ouest. Le rendez-vous est initié par Kako Nubukpo, un anti-CFA qui pense qu’il est nécessaire d’orienter les chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Les travaux de ce colloque scientifique sont axés sur le thème: «Quelle monnaie pour quel développement en Afrique de l’ouest ?». L’objectif général de ce colloque est de faire une réflexion prospective sur la future union monétaire de la CEDEAO en lien avec les différentes stratégies de développement. Plus spécifiquement, il s’agira de faire l’analyse prospective de la future monnaie unique de la CEDEAO, élaborer la feuille de route de cette monnaie unique
Les débats en cours à l’auditorium de l’Université de Lomé sont d’une facture universitaire. Différents acteurs participent aux travaux. Parmi eux, des économistes, des politiques, des acteurs de la société civile, opérateurs économiques et des étudiants prennent part ou suivent virtuellement ces états généraux de l’ECO.
Lionel Zinsou ancien Premier ministre du Bénin, Carlos Lopes conseiller de Faure Gnassingbé, Wilfrid Do Rego, Michel Nadim Kalife économiste, Achille Mbembe, Aminata Traoré, Cristina Duarte, Didier Acouetey et Kako Nubukpo. Prof Adama Diawa, Ousmane Sonko, Celou Dalein Diallo et d’autres acteurs interviennent par visioconférence.
A l’initiative du rendez-vous de Lomé, Prof Kako Nubukpo a affirmé qu’il est nécessaire de mettre dans le domaine public les réflexions d’universitaires et de différents spécialistes sur la future monnaie ouest-africaine. L’expertise africaine doit, soutient-il, être au service de la décision des gouvernants en Afrique.
Foncièrement contre le mécanisme de gestion du franc CFA qui ne favorise pas le développement des pays qui l’utilisent, Kako Nubukpo a toujours appelé les Etats africains à couper le cordon ombilical. Au sujet du remplacement du franc CFA par la monnaie Eco annoncée par le président français, Emmanuel Macron et le président ivoirien, Alassane Ouattara, l’économiste togolais citant un adage togolais affirme que «si quelqu’un fait semblant de mourir, il faut faire semblant de l’enterrer».
«Nous ne savons pas que le FCFA est déjà mort ou s’il fait semblant l’être. Mais nous sommes en train de creuser sa tombe ou à tout le moins procéder au baptême de son successeur l’Eco», a-t-il dit.
Soutenant la politique de gouvernance du FCFA, qui reste une des plus conservatrices en Afrique, Lionel Zinsou pense qu’il faut donner plus de marge de manœuvre à l’Eco. L’ancien Premier ministre béninois ne conteste pas la nécessite de la reprise de la souveraineté des pays de l’UEMOA tout comme les pays du Maghreb. Il appelle toutefois les Etats à se débarrasser des critères répressifs et disciplinaires du franc CFA pour favoriser un développement dans la zone CEDEAO.
Depuis Dakar, Ousmane Sonko qui intervient par visioconférence a estimé que «quelle que soit l’option retenue, la CEDEAO doit avoir une banque centrale et la monnaie adossée à un panier de devises». L’homme politique sénégalais invite toutefois les chefs d’Etat à ne pas s’inspirer du projet de la zone Euro mais de tenir compte des réalités des 15 pays membres de la CEDEAO.
Volonté politique …
Le lancement de l’Eco devrait être effectif en 2020. Depuis lors, le projet semble être au point mort. Au début de l’année, les chefs d’Etat africains ont décidé de repousser à 2022 la reprise de l'application de leur pacte de convergence, à cause de la pandémie de Covid-19 qui a obligé les pays ouest-africains à accroitre leurs dépenses. Ce qui a fait repousser la date d’entrée en vigueur de l’Eco en 2025. Depuis lors, plusieurs économistes ouest-africains se sont posés la question à savoir si ce report de l'éco n'est-il pas surtout un aveu d'échec ? C’est la position de l'économiste et ancien ministre ivoirien Daniel Anikpo, qui souligne que l'Eco «ne va pas se faire», car «il n'y a pas la volonté politique».
En attendant, à Lomé cinq différents axes sont retenus pour les débats à savoir: «Axe 1: Économie politique de l’Eco» ; «Axe 2: Policy mix de la zone Eco» ; «Axe 3 : Convergence et optimalité de la zone Eco» ; «Axe 4 : Eco et perspectives de développement de la CEDEAO», et «Axe 5: regards pluridisciplinaires (gestion, finance, droit, science politique, histoire, sociologie) sur l’Eco».
Un rapport intitulé «Du FCFA à l’ECO» a été publié par les organisateurs du colloque le 14 mai dernier en prélude des débats.
Didier Assogba - Lomé, Oeil d'Afrique
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