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Burundi : l’ex-président Buyoya condamné à perpétuité pour l’assassinat du président Ndadaye

L'ex-président burundais Pierre Buyoya, actuel haut représentant de l'Union africaine pour le Mali et le Sahel, a été condamné lundi 19 octobre par contumace au Burundi à la prison à perpétuité pour l'assassinat du président Melchior Ndadaye en 1993.

Premier président démocratiquement élu du Burundi et premier Hutu à accéder au pouvoir, Melchior Ndadaye a été assassiné en octobre 1993 lors d'un coup d'État militaire qui allait entraîner le pays dans une guerre civile opposant l'armée, dominée par la minorité tutsie, à des groupes rebelles hutus et qui fera 300.000 morts jusqu'en 2006. Il avait succédé à Pierre Buyoya, porté par l'armée au pouvoir en 1987 et qui redeviendra président, à la faveur d'un nouveau coup d'État, entre 1996 et 2003, avant de remettre le pouvoir à Domitien Ndayizeye, un Hutu, en vertu d'un accord de paix signé en 2000 à Arusha (Tanzanie).

Pierre Buyoya a été condamné pour «attentat contre le chef de l'État, attentat contre l'autorité de l'État et attentat tendant à porter le massacre et dévastation», selon le texte qui ne comporte que le dispositif (déclaration de culpabilité et peine) de la décision rendue par la Cour suprême. Le nom de Pierre Buyoya avait déjà été cité en lien avec cet assassinat, sans que le début d'une preuve soit apporté.

Dix-huit hauts responsables militaires et civils proches de l'ancien chef de l'État ont été condamnés à la même peine, trois autres à 20 ans de prison pour «complicité» des mêmes crimes et un seul, l'ancien premier ministre de transition, Antoine Nduwayo, a été acquitté. Seuls cinq accusés, quatre hauts gradés tutsis à la retraite et Antoine Nduwayo, étaient présents au procès.

Les autres, dont Pierre Buyoya, tous à l'étranger, étaient visés depuis novembre 2018 par un mandat d'arrêt international émis par le Burundi après l'arrestation des quatre ex-hauts gradés tutsis, accusés de figurer parmi les «auteurs» de l'assassinat de Melchior Ndadaye.

Le verdict a été rendu lundi en l'absence des accusés et de leurs avocats, qui n'avaient pas été prévenus, a expliqué à l'AFP, sous le couvert de l'anonymat, l'un des condamnés qui a dénoncé «un procès inique et du théâtre».

Avec AFP



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