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Maroc : quand la diaspora choisit de rentrer, attirée par le boom économique
Depuis quelques années, un phénomène attire l'attention des observateurs et des experts en migration : le retour massif de la diaspora marocaine au pays. Autrefois marqués par des départs massifs vers l'Europe et d'autres continents, les Marocains expatriés sont de plus en plus nombreux à franchir le pas inverse. Ce mouvement est principalement motivé par un facteur clé : l’essor économique impressionnant du Maroc. Ce retour soulève des questions cruciales sur le rôle des diasporas dans le développement de leurs pays d’origine, et plus largement, sur l'avenir de l'Afrique comme terre d'opportunités pour ses propres ressortissants. Quels sont les moteurs de ce retour au pays, et comment s’inscrit-il dans le cadre plus large de l’économie marocaine et panafricaine ?
Les raisons d'un retour en force
Le Maroc, depuis deux décennies, est passé du statut de pays en développement dépendant des aides internationales à celui d'une économie émergente en pleine croissance. Selon le rapport annuel de la Banque mondiale, le PIB du Maroc a connu une augmentation constante avec une croissance moyenne de 4 % au cours des cinq dernières années, hors des chocs liés à la pandémie de COVID-19. Cette performance économique, doublée d’un climat politique stable, attire désormais de nombreux Marocains de la diaspora, souvent installés en Europe ou en Amérique du Nord, à revenir pour participer à ce dynamisme.
Pour Sarah El Malki, une entrepreneuse marocaine qui a passé 15 ans à Paris avant de retourner à Casablanca, « il y a dix ans, revenir au Maroc pour lancer un projet semblait risqué. Aujourd'hui, avec les réformes économiques et l'ouverture à l'investissement, c'est tout le contraire. Il y a des opportunités incroyables dans des secteurs comme les énergies renouvelables, les nouvelles technologies et l'immobilier. » Sarah n'est pas seule dans ce constat. En effet, selon l'Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), près de 200 000 Marocains expatriés sont revenus au Maroc entre 2015 et 2020, un chiffre qui ne cesse d’augmenter.
Le Maroc, un pôle économique attractif
Plusieurs facteurs expliquent l’attrait croissant pour le retour au Maroc. D’abord, le pays a mis en place un cadre législatif et économique favorable à l’entrepreneuriat. Grâce au Plan d'Accélération Industrielle (PAI) 2014-2020, le Maroc est devenu l’un des hubs industriels les plus compétitifs du continent africain. Ce plan a attiré de nombreux investissements étrangers et permis la création de zones franches industrielles, comme celles de Tanger et de Kénitra, où s’implantent des multinationales de l’automobile, de l’aéronautique et des nouvelles technologies.
L'État marocain a également mis en place des dispositifs spécifiques pour encourager la diaspora à investir dans le pays. Le Fonds MDM Invest, par exemple, soutient les Marocains résidant à l'étranger (MRE) en cofinançant leurs projets d’investissement au Maroc. Ces initiatives viennent en réponse à une demande de plus en plus pressante de la diaspora, qui souhaite contribuer activement au développement économique du pays.
Des exemples concrets de réussite
Parmi les histoires de succès de ce retour au pays, l'exemple d'Adil Mezouari est emblématique. Après avoir passé plus de 20 ans à travailler pour des entreprises de conseil à Londres, Adil a décidé de rentrer au Maroc pour lancer sa propre entreprise de technologies financières. « À un moment donné, j’ai réalisé que les compétences et l’expérience acquises à l’étranger pouvaient être d'une valeur inestimable pour mon propre pays », explique-t-il. « Il y a un potentiel énorme ici, et je ne suis pas le seul à l’avoir compris. » Aujourd'hui, sa startup est l'une des plus prometteuses de l'écosystème tech marocain, attirant même des investissements de la Silicon Valley.
En plus de l’économie numérique, le secteur des énergies renouvelables attire également la diaspora. Le Maroc, avec son ambitieux projet Noor Ouarzazate, le plus grand complexe solaire au monde, est devenu un leader continental dans ce domaine. De nombreux ingénieurs et experts marocains expatriés sont ainsi revenus pour contribuer à ces projets d'envergure.
Les défis du retour : entre espoir et réalités
Si l’enthousiasme pour le retour au Maroc est palpable, il est également accompagné de défis. En effet, nombreux sont ceux qui, une fois de retour, se heurtent à une bureaucratie parfois lourde ou à des infrastructures qui, bien que modernisées, peuvent encore présenter des failles. Mais les obstacles sont souvent compensés par un soutien croissant du gouvernement et des initiatives privées qui facilitent l’insertion des talents expatriés.
L'un des défis majeurs est celui de l’intégration sociale et professionnelle. Pour certaines familles, habituées à un mode de vie occidental, le retour au Maroc demande un certain ajustement, tant au niveau de la qualité de vie que de la culture du travail. C’est pourquoi plusieurs organisations non-gouvernementales et associations locales, comme l’Association des Marocains du Monde (AMOME), se sont mobilisées pour accompagner ces retours. Elles offrent des conseils pratiques et juridiques aux familles et aux jeunes entrepreneurs qui souhaitent s’installer au Maroc.
Un phénomène global : le retour en Afrique
Le retour de la diaspora marocaine s'inscrit dans un mouvement plus large observé à travers l'Afrique. De plus en plus de diasporas africaines, après avoir passé des décennies à contribuer à l'économie des pays occidentaux, décident de rentrer sur le continent pour y investir et y vivre. Des pays comme le Ghana et le Rwanda connaissent également ce phénomène de retour au pays, notamment grâce à l’amélioration des conditions économiques et à une meilleure stabilité politique.
D’après l’Afrobaromètre, près de 40 % des Africains de la diaspora envisagent de retourner sur le continent dans les dix prochaines années, motivés par la volonté de contribuer au développement économique, social et culturel de leur pays d’origine. Le Maroc, en tant que porte d’entrée vers l’Afrique, joue un rôle clé dans cette dynamique. Selon un rapport de l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE), les transferts financiers de la diaspora marocaine ont atteint 7,4 milliards de dollars en 2021, un chiffre en forte hausse par rapport à l'année précédente.
Un retour gagnant pour le Maroc et l'Afrique
Le retour de la diaspora marocaine, bien plus qu’un simple phénomène migratoire, symbolise une dynamique économique et sociétale porteuse d’espoir pour le Maroc et l’Afrique. Ces talents expatriés, armés d'une expérience internationale précieuse, reviennent avec l’intention de transformer leurs pays d'origine en véritables pôles de développement. En misant sur des secteurs d’avenir comme les technologies numériques, les énergies renouvelables et l'industrie, la diaspora marocaine devient un acteur incontournable du futur économique du pays.
Le défi, pour les autorités marocaines et panafricaines, sera d’accompagner et de renforcer ce retour, en créant un cadre encore plus propice à l'investissement et à l'innovation. Ce mouvement pourrait bien inspirer d'autres diasporas africaines à suivre le même chemin et à faire de l’Afrique une nouvelle terre d’opportunités pour ses fils et filles dispersés à travers le monde.
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