Sport


CAN2022Football

Canon, Tonnerre et Cotonsport, histoire des merveilleux noms de clubs camerounais

Et aussi Panthère, Océan, Lion Blessé, Tonnerre... Qui peut s'asseoir à la table du Cameroun pour la poésie des noms de clubs de football? Petit lexique du pays organisateur de la Coupe d'Afrique des nations, du 9 janvier au 6 février.

Chez les Lions Indomptables régnait le Canon de Yaoundé. Fondé en 1930, "il tient son nom de l'arme que les Français avaient utilisée pour battre les Allemands, premiers colons du Cameroun, pendant la guerre de 14-18", explique Germain Noël Essengue, chef des sports de la télévision nationale CRTV.

Les Vert et Rouge restent le grand club historique, dix fois champion, la dernière en 2002, et surtout trois fois vainqueur de la Coupe des champions (1971, 1978 et 1980).

Il est aussi appelé Canon "Kpa Kum": "c'est le bruit du canon, une onomatopée", précise Jean-Paul Akono, joueur légendaire du club.

Le grand rival local du Canon est le Tonnerre Kalara Club de Yaoundé, créé quatre ans plus tard (1934) par un des fondateurs historiques du Canon, Omgba Zing, parti fâché.

"Kalara signifie le livre en langue ewondo, le TKC devait être le livre qui va apprendre le football au Canon", explique Philippe Boney, directeur de la chaîne Vision 4.

"Ce sont des noms recherchés, qui traduisent une certaine puissance", développe Jean-Bruno Tagne, journaliste de Naja TV. "Le club de mon village, Bayangam, s'appelle Piment!"

Le Caïman plutôt que la Lune

La preuve, un des plus vieux clubs du pays, le Caïman de Douala, s'appelait d'abord Lune. Le nom a été changé après une défaite de trop face à leur grand rival, le Léopard. Le reptile semblait plus à même d'impressionner le félin que la lune...

Le foot camerounais a d'ailleurs commencé dans le grand port et capitale économique. Il y avait une équipe par quartier: Oryx (canton de Bell), tout premier vainqueur de la C1, en 1965, Léopard (canton de Deidao) et Caïman (d'Akwa).

Mais le club le plus puissant est l'Union de Douala, du canton de New Bell, fondé plus tard, en 1955, cinq fois champion et vainqueur de la C1 1979.

"C'était le creuset des étrangers, ceux de l'Ouest du Cameroun, des marchands Haoussas venus du Sahel et même les Bétis du Centre", raconte Franck Happi, ancien président du club.

Ce creuset explique "l'Union et la poignée de main sur l'écusson, et la couleur blanche, qui représente l'étranger", précise-t-il. Au stade on dit: 'Gamakai Naissara', 'En avant les Étrangers!".

Le riche pays bamiléké, à l'Ouest, abrite également de nombreuses équipes aux noms chantants.

La plus forte reste le Racing (prononcer: "racin") Bafoussam, le "Tout Puissant de l'Ouest", quatre fois champion. Il doit son nom - presque sobre - à la fusion, en 1958, entre les clubs des missions catholique, Lynx, et protestante, Diamant.

L'Union de Jupiter et de la Tortue

On trouve aussi l'Aigle Royal de la Ménoua, du nom de la rivière qui coule à Dschang, les Bamboutos Mbouda, du nom de la chaîne de volcans et la Panthère du Ndé, à Bangangté, qui a troqué le nom de la ville pour celui du département.

L'Unisport Bafang est né de la fusion de trois clubs Tortue, Jupiter et Union (catholique), pour devenir le "Flambeau de l'Ouest", pour ses couleurs de feu rouge et jaune, avec pour devise "Ntam Nkwae": "jouer jusqu'à en mourir".

Il existe également le Lion Blessé de Fotouni ou le Fovu Baham, qui tire son nom des grottes granitiques sacrées de Fovu, haut-lieu de pèlerinage et de purification mystique en pays bamiléké.

La partie anglophone du Cameroun n'est pas en reste, avec le PWD Social Bamenda, pour Public Works Department, ou les Kumbo Strikers.

On peut encore citer le Dragon Club de Yaoundé, l'Océan de Kribi, la plus belle ville balnéaire du Cameroun, le Sable Batié ou le Sahel Maroua, un club du Nord et de la savane.

Mais depuis une vingtaine d'année, le club le plus puissant, le mieux géré, est le Cotonsport Garoua, 16 fois champion mais aucune coupe d'Afrique, qui tient son nom des cotonniers du Nord.

Le coton est plus doux, mais pour l'heure il est plus fort que le Canon...



Sport