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Désignation du candidat commun de l’opposition : le «conciliabule» de la discorde
Qui de Vital Kamerhe, Martin Fayulu, Félix Tshisekedi, Freddy Matungulu sera le candidat commun de l’opposition ? La question est sur toutes les lèvres. Les oracles se perdent en conjecture, quand la boule de cristal du célèbre féticheur mort-mort refuse de s’allumer. Appelés en renfort, les marabouts du Bénin et de Côte d’Ivoire ont fini par jeter l’éponge. Même Yahvé aurait choisi, dit-on, de détourner le regard. Dans les états-majors des candidats validés, on retient son souffle; certains croisent les doigts en espérant que leur candidat sera l’heureux « élu » qui va affronter Emmanuel Ramazany Shadary lors de la présidentielle censée se tenir le 23 décembre prochain.
Une chose est certaine, assurent les sept principaux leaders de l’opposition réunis à Genève depuis vendredi, le choix du candidat commun s’articulera autour des critères retenus lors de la rencontre qui s’est tenue récemment en Afrique du sud : expérience, instruction, popularité, intégrité, poids géopolitique, leadership fort et fédérateur. Mais aussi « l’ancienneté », a ajouté Augustin Kabuya, secrétaire général adjoint en charge de la communication de l’UDPS. « L’ancienneté dans l’opposition doit être parmi les critères retenus pour le choix du candidat commun de l’opposition. Nous ne sommes pas impressionnés par ceux qui évoquent leurs expériences; ils doivent nous dire ce que leurs expériences ont dû produire comme bénéfice en faveur de notre peuple », a-t-il lâché. Comme dirait mon ami qui sait tout sur rien et rien sur tout, ça promet.
Si à l’UNC on vante l’instruction, l’expérience et la popularité de Vital Kamerhe à l’Est du pays, à l’UDPS on brandit la popularité de Félix Tshisekedi à l’Ouest, quand l’ECIDÉ fait valoir l’expérience et l’intégrité de Martin Fayulu; et la SYENCO l’expérience et l’intégrité de Freddy Matungulu. La partie s’annonce corsée et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’aucun des quatre candidats rencontre, à lui seul, tous les critères de désignation.
Le jeu est ouvert. Ils sont quatre à concourir pour le siège de «candidat unique» de l’opposition. Mais en réalité, la finale de la « primaire » s’articulera autour de deux candidats : Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe. Fayulu et/ou Matungulu pourrait être appelé en renfort en cas de profonds désaccords. Mais bon, nous n'en sommes pas encore là. Pour revenir à VK et Fatshi, s’il faut se baser uniquement sur les critères susmentionnés, il est clair que Vital Kamerhe part favori.
En effet, on peut, certes, douter de son intégrité et de ses valeurs morales, mais il est difficile de ne pas reconnaître que l’homme a de l’expérience, il est brillant, populaire à l’Est et sait se montrer conciliant et fédérateur. Est-ce le côté «Kamerhéon » du monsieur, comme il se raconte au pays de Mamadou Ndala ? Laissons au Très Haut la difficile tâche de sonder les cœurs et les reins. Les casseroles, ils en ont tous au pays de Lumumba, à l’exception de quelques-uns. Il y a de ce passé qui ne passe pas. Autant « Pourquoi j’ai choisi Joseph Kabila » colle à la semelle de Vital Kamerhe, autant Ibiza et Monaco collent au « maboko pembe » de Fatshi. Ce dernier jouit, certes, d’une certaine popularité, mais il pèche par son manque d’expérience et son incapacité à fédérer autour de lui, passant pour être le candidat d’un groupe tribal donné. L’absence de leadership est l’autre talon d’Achille de Tshisekedi fils. Étant incapable de contrôler les extrémistes de son parti, l’on se demande comment peut-il prétendre diriger un pays comme le Congo? Ses silences face au comportement biscornu de ses partisans indispose de plus en plus...
De toute façon, la désignation du candidat commun ne se fera pas sans accroc ni uniquement en fonction des critères susmentionnés. Selon une source digne de foi, deux camps s’opposent à Genève : le camp Katumbi-Fayulu qui s’oppose à la candidature de Vital Kamerhe et le camp Bemba-Muzito (et peut-être Matungulu) qui semble soutenir l’ancien président de l’Assemblée nationale. Quant à Félix, il semble bénéficier du soutien de Martin Fayulu, Moise Katumbi ayant changé d’avis pour des raisons qui n’échappent à personne. Mais rien n'est encore perdu. De l’autre côté de la frontière, il y a Joseph Kabila qui observe toute la scène de loin, en arborant un sourire sardonique.
Après tout, il reste le maître du jeu politique dans cette République à démédiocratiser qu’il veut shadariser pour le plus grand malheur du peuple congolais. Il enchaîne les feintes spectaculaires avec la machine à voter, blessant au passage certains opposants, et quand vient le temps de l’arrêter il marque avec les 6 millions d’électeurs sans empreintes et gagne la partie. Mon ami qui ne sait rien sur tout et tout sur rien m'a dit qu'il lui fait penser à Mavuba. En attendant la fumée noire de Genève, buvons un bon verre de lait nsambarisé en regardant tout ça de loin...
Patrick Mbeko
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