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Mali : le Premier ministre Choguel Maïga sur siège éjectable

Il fut dans la peau d’un tireur d’élite de la junte, tellement qu’il a flingué, même à la tribune de l’Onu  à New York, la France et ses partenaires européens qui luttaient contre les jihadistes au Mali. Aujourd’hui, c’est comme si sa mission est presque terminée. Le Premier ministre malien, Choguel Maïga semble être en froid avec les colonels au pouvoir.  

Le Premier ministre Choguel Maïga souffle le chaud et le froid. Depuis quelques mois, le courant ne passe pas bien entre lui et les colonels à la tête du Mali. En atteste ce mémorandum des partisans de Choguel Maïga rendu public, vendredi 24 mai. Ils dénoncent les pratiques des colonels au pouvoir qu’ils jugent inimaginables pour le Malien lambda. Le mémorandum dénonce l’exclusion du chef du gouvernement du processus de finalisation de la réorganisation territoriale, de la gestion de la crise énergétique et de la décision de reporter les élections. Les partisans de Choguel Maïga relèvent aussi l’absence «injustifiable» de leur leader dans le processus de création de l’Alliance des Etats du Sahel (Aes).  

Ils désapprouvent également les recommandations du dialogue inter-malien, précisément celle portant sur la prorogation de la durée de la transition. Une nouvelle durée de cinq ans de transition paraît aux yeux des partisans du Premier ministre «superflue». Si cela est validé par les colonels alors que Assimi Goïta peut être candidat à l’élection présidentielle, cela ferait barrage à Choguel Maïga dont le seul rêve à réaliser, reste celui d’être président de la République. 

Une mise à l’écart progressive

A leur tour, le président Assimi Goita et les autres colonels du Mali n’ont pas digéré le contenu du mémorandum des partisans du Premier ministre. Lundi dernier, les services de sécurité maliens ont arrêté à la Primature Boubacar Karamoko Traoré, un proche du Premier ministre malien. Ils cherchent à savoir s’il est réellement l’auteur du mémorandum et parallèlement pour mesurer le degré d’implication de Choguel Maïga dans ces attaques contre le régime militaire. En moins d’un an, il s’agit de la deuxième arrestation d’une personnalité proche du Premier ministre. En tout cas, Choguel Maïga ne bénéficie plus les pleins pouvoirs de Premier ministre du Mali. Lors de la clôture du dialogue inter-malien, il était mis à l’écart au profit du colonel Abdoulaye Maïga, qui avait été nommé, en août 2022, Premier ministre malien par intérim de la transition, pour remplacer Choguel Maïga victime à l’époque d’un accident cérébro-vasculaire (Avc) et mis en «repos forcé» par les médecins.

Le nouveau souffle que les colonels se sont subtilement procurés au détour du dialogue inter-malien controversé, joue en défaveur de Choguel Maïga. La météo politique malienne commence à indiquer qu’un réaménagement gouvernemental est imminent. A ce rythme, Choguel Maïga risque de perdre le poste de Premier ministre.  Si le link est prouvé avec Boubacar Karamoko Traoré, Choguel Maïga est out. 

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