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Procès Mokoko : que veut Denis Sassou Nguesso ?
Les différends entre deux chevaliers se réglaient lors d’un face-à-face dont l’issue incertaine, avait l’avantage de déterminer sans équivoque le vainqueur. C’est en cette règle que le Général Jean-Marie Michel Mokoko a cru lorsqu’il s’était lancé dans la campagne présidentielle de 2016.
Je te dois. Tu me dois.
Dans cette bataille entre le président sortant, candidat à sa propre succession et son général, un pacte de non-agression venait d’être rompu. En effet, si le Président Dénis Sassou Nguesso a toujours vu la carrière du Général Mokoko comme une dette dont ce dernier lui devait, Mokoko de son côté n’a jamais oublié son soutien et protection lors de la conférence nationale souveraine (CNS) au citoyen Sassou Nguesso.
Si les différentes nominations du Général Mokoko à la tête de plusieurs missions de maintien de la paix dans son pays tout comme à l’extérieur dans le cadre des missions conjointes Union Africaine - Nations Unies en Côte d’Ivoire, République Centrafricaine et au Mali, ont toujours été soutenus par Brazzaville. Pour sa part, Mokoko peut également revendiquer le retour aux premières loges de la politique nationale de Sassou Nguesso alors assigné à résidence et mal mené lors des débats lors du CNS.
Alors que le Président Sassou Nguesso avait manœuvré pour obtenir une énième modification de la constitution afin d’être de nouveau candidat à sa propre succession. La candidature du Général est venue perturber la bonne marche du plan présidentiel. Jean-Marie Mokoko est perçu par le clan Sassou comme un déserteur. Un homme qui ose contester le leadership de Dénis Sassou Nguesso, l’enfant d’Oyo sur les Mbochis.
La case prison
Sous les tropiques, au-delà d’une probité sans faille, il faut surtout veiller à ne pas passer pour un traître. Car la réponse réservée à toutes personnes qui se détournent de la ligne officielle est sans appel. C’est la case prison.
Qui a gagné l’élection présidentielle de 2016 ? Si la bataille des urnes a donné officiellement la victoire au Denis Sassou Nguesso, Jean-Marie Michel Mokoko est considéré par plusieurs observateurs comme le vrai vainqueur de ce rendez-vous démocratique. Une pression de plus que Sassou Nguesso ne pouvait accepter de laisser dans l’arène politique. Alors, on prive Mokoko du titre du leader de l’opposition et fini par lui reprocher de trouble à l’ordre publique et d’atteinte à la sûreté de l’Etat.
La machine judiciaire lancée contre celui qui a osé s’opposer au leader des Mbochis tourne à plein régime. Deux ans d’emprisonnement pour permettre l’instruction de se constituer un dossier.
Puis est venu le temps du procès de la honte. Le procès qui dépeint les limites mêmes de la justice congolaise. Un procès spectacle qui a de nouveau trahi le caractère politique des accusations. Qui peut aujourd’hui croire en l’impartialité des juges présents devant l’accusé Mokoko ?
15 ans de prison
Le procureur de la République n’a pas eu à chercher très loin pour demander une peine de 15 années de prison pour le Général Jean-Marie Michel Mokoko. Le palais avait déjà décidé. De même que les juges qui ne pourront s’écarter des réquisitions du procureur.
Évincer Mokoko de la prochaine bataille politique que va se livrer les Nguesso semble être belle et bien la motivation première de ce procès. Le Président Sassou Nguesso s’emploie à créer un boulevard pour son fils Dénis Christel Sassou Nguesso déjà en ordre de bataille pour 2021. Mais plusieurs hommes de l’ombre dont les neuves du Président n’ont pas encore accepté cette idée. De même que le peuple congolais qui refuse l’installation d’une monarchie républicaine.
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