Regard sur le monde
En Italie du Sud, une opération contre la mafia a permis de démanteler un clan qui possédait notamment la cafétéria du palais de justice.
Dans la petite cafétéria du palais de justice de Potenza, au sud de l’Italie, les murs avaient des oreilles. Et pas n’importe lesquelles : celles du clan Riviezzi, organisation mafieuse présumée dont l’influence s’étend sur toute la région de la Basilicate, au sud du pays.
« Mis à table » malgré eux
Pendant trois ans, ce sont potentiellement des dizaines d’avocats, procureurs, témoins ou accusés qui se sont « mis à table » bien malgré eux, autour d’un café ou d’un sandwich. C’est ce que révèle une enquête, menée par le Directoire du district anti-mafia (DDA), et conclue par un important coup de filet. Dix-sept personnes ont été interpellées et onze emprisonnées, dont Saverio Riviezzi, chef présumé du clan. L’enquête a permis de faire le lien avec des vols à main armée, un meurtre ainsi que des extorsions auprès de commerçants et d’entrepreneurs locaux.
Un prestige criminel
Mais elle démontre surtout la capacité de la mafia à s’infiltrer parmi les sphères décisionnaires. Selon les enquêteurs, la cafétéria servait de façade pour potentiellement blanchir de l’argent et avoir une base à l’intérieur du tribunal le plus important du district », tout en conférant un prestige criminel ».
L’installation de caméras cachées par les enquêteurs a permis de filmer le personnel du café en train de s’incliner devant le chef de famille mafieux ou de se consoler en apprenant l’arrestation du bras droit du clan.
Au sein du palais de justice, la décision de garder secrète l’enquête a interrogé. Conscients des risques, les procureurs ont estimé qu’avertir les habitués du lieu mettrait en péril l’investigation. Ils ont ainsi espéré que chacun soit discret
» en partageant un expresso.
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