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Doubase C : essais cliniques concluants pour l’anti-covid congolais

En République Démocratique du Congo, la quatrième vague du Covid-19 annoncée plus mortelle par les autorités a surtout été source de grande frayeur en pleines des festivités de fin d’année. Bon gré, mal gré, la population est plus alerte pour contrer tout trouble-fête éventuel. Or, la méfiance pour les vaccins et traitements est des plus grandes dans ce pays. La bonne nouvelle arrive, peut-être, des chercheurs locaux. Le Doubase C, un anti-Covid des Creppat Laboratories vient d’être validé à la suite d’un essai clinique randomisé. Ce procédé pharmacologique était établi comme préalable par l’Organisation Mondiale de la Santé en vue de certifier l’antiviral à large spectre comme un traitement Covid. Un médicament local et un remède au rejet des vaccins étrangers par les Congolais, espère-t-on à Kinshasa. 

Le Doubase C approuvé comme anti-Covid 

« Un énorme plaisir, une grande fierté ! Mais en fait, ce n’est que rythme. Le Congo est la première biodiversité médicale du monde. C’est depuis longtemps qu’on aurait dû penser à se manifester mais bon, une première c’est toujours important. Et nous y voilà », des mots qui ne traduiront pas assez l’enchantement du Docteur Dieudonné Kabanda, Général de l’Armée congolaise et actuel ministre de la défense nationale.

Mais ses propos sont avant tout ceux du Président du Conseil de gérance des Creppat Laboratories qu’il est A présent, le Centre de Recherche en Phytothérapie et Pharmacopée Africaine Technique compte sur le marché un traitement curatif contre le SARS-COV2, agent de la maladie à Coronavirus. Il s’agit de Doubase C, un antiviral initialement conçu pour guérir du virus du Sida et des Hépatites. Les Cliniques universitaires de l’Université de Kinshasa ont rendu un verdict favorable sur le produit qui avait été admis pour un essai clinique au mois de mai.

Avec un tel résultat, le Doubase C fera légitimement partie des traitements contre la pandémie qui fait toujours des ravages. Jusqu’ici, malgré l’assurance des inventeurs du médicament, l’OMS et les autorités du pays n’avaient pas encore certifié le Doubase C comme un anti-Covid bien qu’il était déjà vendu en pharmacie depuis des années pour d’autres pathologies. Il fallait pour cela un essai clinique randomisé. Ce médicament n’est pas une découverte d’aujourd’hui pourtant.

Mais sa certification tombe au bon moment alors que la RDC est blâmée pour son faible taux de vaccination lié à la méfiance des populations et au laxisme des autorités. Ces comprimés vendus dans des flacons en plastique pourraient bénéficier d’un accueil favorable chez des Congolais hostiles aux vaccins. Le Docteur Kabanda qui s’attend à un fort engouement prévient que l’accès à ce curatif se fera selon les règles de l’art. « Le médicament est là. Désormais, la population pourra l’avoir selon les prescriptions médicales ». 

Une bataille interminable 

Cette étape est aussi un soulagement énorme pour Creppat Laboratories. Si Doubase C peut être considéré comme une contribution à l’effort universel contre le Covid-19, sa certification n’était pas toujours acquise. D’ailleurs, il a fallu pour cela un bras de fer entre les chercheurs congolais et les décideurs aussi bien au niveau national qu’à l’OMS. Début 2020, le pays accusait une rupture des stocks de vaccins.

Le pharmacien Constant Bashengezi, Directeur Général de Creppat Laboratories était catégorique : ce problème était évitable en recourant à l’intelligence congolaise. « Nous sommes surpris dans la mesure où le secrétariat technique (de la riposte contre le COvid19, ndlr) a eu un parti pris pour un protocole conçu en Europe : la chloroquine plus tous les médicaments qui l’accompagnent. « Je ne sais pas à quel moment le secrétariat de riposte a eu à conduire des études randomisées sur la chloroquine. Mais c’est le même secrétariat technique qui exige aux nationaux de produire des études cliniques randomisées avant que leurs produits soient acceptés.

Alors, lorsqu’il tombe en rupture des stocks des médicaments, dans le cadre de son propre protocole, il n’a qu’à s’en prendre de sa propre turpitude ». Depuis, les choses ont évolué. Sans la moindre complaisance, le Doubase C vient de passer par les filtres. « Les essais cliniques ont été conduits par la faculté de médecine de l’Université de Kinshasa, l’équipe de l’éthique médicale de l’école de Santé publique et la Direction des Cliniques. L’équipe de pharmacologie a élaboré un protocole très rigoureux », selon un responsable de la Faculté de Médecine de l’Université de Kinshasa qui a participé à l’expérience.

De son côté, le vice-doyen et médecin directeur des Cliniques universitaires de l’Université de Kinshasa, le Docteur Jean-Robert Makulo assure que la démarche a été menée avec la neutralité et le professionnalisme qu’exigent l’éthique et la déontologie. « L’étude était également multicentrique, c’est-à-dire qu’elle s’est déroulée sur plusieurs sites. Le choix des patients s’est fait totalement au hasard. Il n’y a pas eu un choix induit par les investigateurs. Il y a eu une génération des listes aléatoires des membres des groupes d’études ». Cet essai clinique a eu lieu en pleine période de la troisième vague de la pandémie. Ces conclusions, favorables certes, pourraient ne pas l’être devant le variant Omicron.

Adéquation au nouveau variant ? 

L’essai clinique Doubase C vs HCQ-Azithromycine n’est qu’une analyse partielle pour l’instant. Selon le document qui sanctionne cette première étape du test, il concerne 64 pourcents du total des sujets sur lesquels l’essai devait être pratiqué. D’ici l’atteinte des 100 pourcents de recrutés, les conclusions porteront également sur la quatrième vague et donc sur variant Omicron. Pour obtenir le sceau de conformité, cet essai clinique a été soumis à la Version du Protocole Modèle de l’OMS numéro 1.0 du 09 juin 2020 élaboré par Charles Wambebe, d’après les chercheurs qui le conduisent depuis la première étape concluante jusqu’à celle en cours.

Principalement, cet essai vise à évaluer l’efficacité clinique de différentes stratégies thérapeutiques y compris le SoC (Interféron, Paracétamol et d’autres traitements nécessaires) chez les patients COVID-19 jusqu’au jour 14 après randomisation. Accessoirement, il vise à évaluer – sur la même période - l’efficacité clinique et virologique des deux stratégies thérapeutiques différentes chez les patients atteints de COVID-19 léger et modéré puis – au bout de 28 jours de suivi - la sécurité de différentes interventions.

Le Doubase C n’est pas à sa phase expérimentale. Cette médecine a fait l’objet de plus d’un brevet, selon le Docteur Kabanda, Président du Conseil de Gérance de Creppat. « Le premier brevet est un US Patent, le deuxième est un Global Patent ». Et depuis 2002, les Laboratoires avaient noué avec l’Université Walter Sissulu d’Afrique du Sud un partenariat qui demeure à ce jour. Il avait été inauguré par une première visite en RDC des membres de la Faculté de Médecine de l’institution d’Afrique australe. Depuis qu’il a donc créé Creppat Laboratories en 1997, le pharmacien Bashengezi a prôné l’ouverture à la coopération technique avec des structures de renommée mondiale dans le domaine de la recherche.

Par Maghene Deba



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