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Sénégal : Le président Bassirou Diomaye Faye envisage la dissolution de l’Assemblée nationale

Le Sénégal est à un tournant politique majeur depuis l’élection de Bassirou Diomaye Faye à la présidence le 2 avril 2024. Élu dès le premier tour avec plus de 54 % des suffrages lors de l'élection présidentielle du 24 mars, Faye se retrouve face à un Parlement dominé par les partisans de l'ancien président Macky Sall. Cette situation pose de sérieux défis pour la gouvernance, d’autant plus que le nouveau président n’a pas de majorité législative, ce qui a conduit à des blocages politiques importants. Le Sénégal se dirige t-il vers une dissolution ?

Une situation législative tendue

Bassirou Diomaye Faye, qui a nommé Ousmane Sonko au poste de Premier ministre, est confronté à un Parlement largement contrôlé par la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY), fidèle à l’ancien président Macky Sall. Bien que bénéficiant d’un fort soutien populaire, le nouveau chef de l’État n’a pas les moyens de faire passer les réformes qu’il juge nécessaires, en raison de l’opposition parlementaire.

Depuis le 12 septembre 2024, Bassirou Diomaye Faye a légalement la possibilité de dissoudre l'Assemblée nationale et de convoquer des élections législatives anticipées. Cette démarche est perçue comme une tentative de rééquilibrer les forces politiques et de sortir du blocage institutionnel actuel. Le président Faye et ses alliés estiment qu'une nouvelle élection permettrait d’obtenir une majorité parlementaire en phase avec l'exécutif, facilitant ainsi la mise en œuvre des projets de loi et des réformes.

Les motivations derrière une dissolution

La dissolution de l’Assemblée nationale apparaît pour le nouveau président comme un recours ultime pour dépasser l’impasse législative qui empêche l'exécution de son programme. En effet, plusieurs réformes clés, notamment en matière de justice sociale, de lutte contre la corruption et de relance économique, sont paralysées par un Parlement majoritairement hostile.

Le président Bassirou Diomaye Faye, qui a fait campagne sur des promesses de changement profond et d'une gouvernance plus transparente, se retrouve limité dans ses actions. La convocation de législatives anticipées pourrait non seulement lui permettre de débloquer la situation politique, mais également de légitimer davantage son pouvoir en obtenant une majorité parlementaire favorable à ses réformes.

Les risques d’une dissolution

Cependant, cette décision n’est pas sans risques. Si le président Faye venait à dissoudre l’Assemblée nationale, il se lancerait dans une épreuve électorale incertaine. L’ancien camp présidentiel, dirigé par les partisans de Macky Sall, reste une force politique importante. BBY pourrait utiliser ces élections pour renforcer son influence, voire mobiliser ses partisans dans un contexte post-présidentiel.

De plus, une dissolution pourrait polariser davantage l’opinion publique. Le Sénégal, bien que souvent cité comme un modèle de stabilité démocratique en Afrique de l’Ouest, n’est pas à l’abri de tensions sociales et politiques. Les récentes élections présidentielles ont déjà exacerbé les divisions politiques, et un nouveau scrutin pourrait amplifier ces fractures.

La position de l'opposition et de la société civile

Du côté de l'opposition, la perspective d’une dissolution de l’Assemblée est perçue comme une tentative de concentration du pouvoir par le nouveau président. Certains critiques craignent que cette décision ne vise à affaiblir davantage les contre-pouvoirs et à limiter la capacité du Parlement à jouer son rôle de contrôle démocratique. Cependant, des voix au sein de l’opposition modérée voient également dans ces élections une occasion de réajuster les forces politiques en jeu, notamment pour apporter plus de diversité à la représentation parlementaire.

La société civile, qui joue un rôle crucial au Sénégal, exprime des opinions variées. Certaines organisations craignent qu’une nouvelle campagne électorale ne détourne l’attention des problèmes économiques urgents, tels que l’inflation et le chômage. D'autres estiment que des législatives anticipées pourraient clarifier la situation politique et permettre une gouvernance plus cohérente.

Bassirou Diomaye Faye, fort de sa victoire électorale mais affaibli par une majorité parlementaire hostile, est à la croisée des chemins. La dissolution de l’Assemblée nationale pourrait permettre de sortir de la paralysie législative, mais elle comporte également des risques de polarisation accrue et d’instabilité politique. Le président, en optant pour cette voie, devra convaincre les Sénégalais de la nécessité de renouveler leur Parlement pour permettre au pays de surmonter ses défis actuels et futurs. Le Sénégal est ainsi face à une nouvelle étape de sa transition politique, dont l'issue pourrait façonner durablement son avenir démocratique.

Oeil d'Afrique



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