Politique


Côte d'Ivoire

Abidjan : Mo Ibrahim a-t-il voulu passer un message à Alassane Ouattara ?

Abidjan a accueilli du 05 au 07 avril 2019 à Abidjan, le "Ibrahim Governance Week-end" (Semaine Ibrahim sur la Gouvernance), l’événement annuel de la Fondation Mo Ibrahim. Au cours des rencontres, les discussions ont porté, entre autres, sur les "Réalités des migrations africaines", la problématique de la jeunesse confrontée à la croissance sans emploi", "Gestion du processus migratoire entre le sud et le nord, au renforcement de la mobilité, à l’actualisation des compétences, et au partage des responsabilités », entre le nord et le sud, etc.

Au-delà du thème du forum, l'interrogation sur le choix porté par la Fondation de débattre de cette problématique migratoire en Côte d’Ivoire dont-il sied de noter le pays est à la fois selon l’OIM un pays de transit pour les migrants mais aussi le pays qui enregistre un des forts taux de migrants qui prennent la voie de Méditerranée. En réunissant des jeunes à Abidjan ; cette composante dynamique qui dans la prospective est le fer de lance appelé à prendre le relais demain, le président de la Fondation Mo Ibrahim qui entre autres a convié sept anciens chefs d’État à Abidjan, a-t-il voulu par cette manière symbolique passer un message au président ivoirien Alassane Ouattara dont le mandat s’achève en 2020 ?

C’est du moins la perception de notre observation ; car si l’on s’en tien au fait que l’action de la fondation Mo Ibrahim s’articule autour de la promotion de deux points cardinaux à savoir : « la bonne gouvernance Politique » et « la bonne gouvernance économique ». L’indice Mo Ibrahim qui plut est, privilégie le respect strict des principes et valeurs démocratiques entre autres le respect de la règle de la limitation des mandats. C’est sans nul doute dans ce contexte qu’il a convié à Abidjan des anciens chefs d’Etat pour aussi faire passer un message au président ivoirien. 

Prenant la parole lors de la cérémonie d’ouverture le chef de l’Etat ivoirien à lui-même perçu le message codé de Mo Ibhrahim. Comprenant parfaitement l’enjeu, et ce, malgré le fait qu’il continue de souffler le chaud et le froid à ce sujet. Alasane Ouattara a déclaré : « Je remarque ici, (7) anciens chefs d’Etat. Je pense que mon frère Moh Ibrahim veut me passer un message. J'ai jamais fait plus de 6 ans dans un job... Cela fait 8 ans que j'exerce la fonction de président. C'est tellement évident, la transmission du pouvoir est une question morale. C'est une conscience morale de savoir que l'âge peut être un frein pour un chef d'État.... J'ai presque pris ma décision. ». Toute la salle a applaudi comme pour marquer à la fois un soulagement, mais également pour encourager le président à passer la main. Le président Ouattara sans doute surpris par la réaction de la salle dit « je n’ai pas dit que je m’en vais ... Je prendrai ma décision et consulterai des amis comme Mo Ibrahim ».

Au regard de tout ce qui précède il seid de noter que le président Ouattara conditionne son départ à son âge ou sa situation physique, hors il a plusieurs fois indiqué que 2020 ne l’intéressait enfin l’article 183 de la la nouvelle constitution empêche le président Ouattara de penser un seul instant à vouloir briguer un troisième mandat conformément à la lettre et à l’esprit de cette disposition constitutionnelle. 

Vu le profil des anciens dirigeants invités à Abidjan dont 3 ont été à la tête des pays en post-conflits à l’instar de la Côte d'Ivoire. ( E Johnson Searlef ,Shissano ,Ernest Bahi Koroma ), qui au bout de leurs mandats constitutionnels avaient quitté par la grande porte le pouvoir à travers une transmission pacifique des charges publiques de l’Etat.

Les six anciens chefs d’Etat africains et une ancienne présidente Européenne Mary Robinson présents à Abidjan ont toute une particularité : celle d’avoir quitté le pouvoir à la fin de leurs Mandats constitutionnels. Ils n’ont cherché en aucune manière à briguer un 3eme mandat. Un autre parmi eux le Ghanéen John Dramani, lui par contre avait accepté sa défaite face à un candidat de l’opposition ; tout comme l’ancien Premier ministre éthiopien Hailé Mariam Dessalegn qui a perdu démocratiquement le pouvoir il y a une année. 

En analysant profondément le décor planté par Mo Ibrahim, nous percevons clairement que le message qu’il a voulu passer au président africains en général et au président Ouattara en particulier, c’est celui de constater qu’il a convié des anciens présidents qui ont permis à leurs pays respectifs une alternance pacifique .

Alassane Ouattara qui a bien décodé le message continue certes de souffler le chaud et le froid sera rattrapé par les contingences politiques après la démission de Bouteflika, les retraits annoncés de la scène politique des présidents Issoufou et Ould Abdelaziz de la Mauritanie qui déjà choisi leurs Dauphin tout comme le président Tunisien Essebsi qui vient de refuser un second mandant afin de faire la place aux jeunes, finira par prendre une décision qui cadre avec ses valeurs morales. Selon nos sources dans les arcanes de la haute sphère, à Dakar en marge de la cérémonie d’investiture du président Macky Sall, Alassane Ouattara a confié à certains de ses homologues de la sous-région son désir de se retirer à la fin de son mandat. 

Pour un observateur averti de la scène ivoirienne,ce dernier estime que le président Ouattara est assez énigmatique sur la question de son avenir. Le peuple attend juste qu’il dise clairement, je ne suis pas candidat en 2020. Comme il disait il y a quatre ans 2020, ne m’intéresse pas.

 



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