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Accusé de corruption, le président du Malawi dans la tourmente

Le président du Malawi, Peter Mutharika, était lundi la cible de vives critiques de l'opposition et de la société civile qui exigent sa démission après la révélation d'une enquête officielle l'accusant de corruption à un an des élections générales. Ce rapport confidentiel du Bureau anticorruption (ACB) soupçonne M. Mutharika et son Parti démocratique progressiste (DPP) d'avoir touché l'équivalent de 195.000 dollars de pots-de-vin d'une entreprise qui avait remporté un contrat pour la fourniture de rations alimentaires à la police. Interrogé par l'AFP, le directeur de l'ACB Reyneck Matemba a confirmé l'authenticité du rapport. "Je peux confirmer que l'ACB a (...) ouvert une enquête et que nous sommes près de la conclure". Le porte-parole du chef de l'Etat, Mgeme Kalilani, a démenti catégoriquement toute irrégularité de sa part, affirmant que l'argent qu'il avait perçu était un don fait à son parti. "Le président Peter Mutharika n'a jamais reçu le moindre argent de (l'entreprise contractante) Pioneer Investments", a-t-il assuré à l'AFP. "Tout ce qu'il a fait c'est de signer un chèque au profit de la municipalité de Blantyre en paiement d'un logement offert par la municipalité au parti". Ces explications n'ont pas suffi au chef du principal parti d'opposition, qui a exigé lundi la démission du chef de l'Etat. "Il a échoué à prouver qu'il était un homme d'Etat et qu'il était exemplaire (...) il doit démissionner immédiatement", a plaidé lors d'une conférence de presse Lazarus Chakwera, le patron du Parti du congrès du Malawi (MCP). "Nous avons perdu toute confiance en lui", a renchéri le responsable d'un groupe d'ONG de la société civile, Gift Trapence, "s'il n'a pas quitté ses fonctions dans deux semaines, nos descendrons dans les rues pour l'y contraindre". Elu en 2014, M. Mutharika a été investi lundi par son parti pour briguer un nouveau mandat à la présidentielle de mai 2019. Mais il est de plus en plus contesté. Des milliers de personnes ont défilé en avril dans plusieurs villes de ce petit pays pauvre d'Afrique australe pour protester contre la corruption, les premières manifestations antirégime depuis 2011. Elle aussi impliquée dans un scandale financier, la prédécesseure de M. Mutharika, Joyce Banda, a annoncé qu'elle briguerait l'investiture de son parti pour la présidentielle. Elle est rentrée en mai au Malawi après quatre ans d'exil. Avec l'AFP


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