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Bénin: le domicile de l’ancien président Boni Yayi encerclé par la police

Des manifestants béninois ont dressé des barricades à Cotonou et des chars de l'armée ont été déployés après l'encerclement par les forces de sécurité de la maison de l'ex-président Boni Yayi, qui avait appelé au boycott des élections législatives de dimanche marquées par un très fort taux d'abstention, a constaté l'AFP. Avec les autres opposants, M. Yayi avait appelé au boycott du scrutin dont l'opposition a été évincée pour la première fois dans ce pays jusqu'ici loué comme un modèle de démocratie en Afrique. Des policiers bloquaient tout le quartier de Cadjehoun, où se situe la résidence de l'ancien président Boni Yayi (2006-2016), ont constaté des journalistes de l'AFP. Des figures de l'opposition béninoise se rendaient à son domicile pour témoigner leur soutien. Aucune déclaration officielle n'a été faite pour l'instant sur les motivations de ces mouvements sécuritaires. Le domicile de M. Yayi a été encerclé quelques heures après l'annonce par la commission électorale (CENA) des résultats préliminaires donnant un taux d'abstention historiquement haut, ce qui constitue un désavoeu pour le président Patrice Talon même si ce dernier est assuré de voir les partis de la majorité -- les seuls en lice -- gagner les élections. Dans les rues de Cotonou, de jeunes manifestants ont dressé des barricades faites de pneus en feu ou de planches de bois, et les passants se pressaient de rentrer chez eux. Selon un journaliste de l'AFP, les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes et l'armée a déployé des chars sur les principaux barrages menant à la résidence de l'ancien chef de l'Etat. Les rues de la capitale économique se vidaient en fin d'après-midi, alors que ces manifestations sporadiques ont surpris tout le monde en cette journée de célébration du 1er mai, la Fête du Travail. - Participation au plus bas - Au petit matin, la commission électorale) avait annoncé des résultats préliminaires, avec un taux de participation d'à peine 23%. Le taux de participation à des élections n'était jamais descendu sous la barre des 50% depuis que le Bénin est entré en démocratie en 1990. L'opposition n'a pas pu présenter de candidats, officiellement pour des raisons administratives. Seuls deux partis proches du pouvoir se sont affrontés et se partageront les 83 sièges du nouveau Parlement. L’Union progressiste, selon les tendances publiées, totalise 645.214 voix pour 47 sièges probables, et le Bloc républicain 502.411 voix pour 36 sièges probables. Boni Yayi et un autre ancien chef d'Etat, Nicephore Soglo (1991-1996), avaient donné un ultimatum au président Patrice Talon pour annuler ce vote et appelé le peuple "à se défendre". "C'est une question de vie ou de mort", avait lancé l'ancien président Yayi, qui reste soutenu par la classe populaire du pays. "Talon marchera sur nos corps" avant d'entériner ce nouveau Parlement, avait-il averti. La plateforme d'observation de la société civile a fait état de deux morts lors du vote, sur un total de 206 incidents dont des destructions et incendies de matériel électoral, accrochages entre militants de partis, population et force de sécurité. Le Bénin connaît un "grave recul" de son modèle démocratique, ont déploré plusieurs observateurs et des ONG internationales ou locales de surveillance des droits de l'Homme. Amnesty International a dénoncé des "arrestations arbitraires", "des manifestations réprimées" avant le scrutin. Avec AFP


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