Politique


Afrique

Bissau : le soutien de Macky Sall à Umaro Embalo suscite l’indignation en Afrique

Le président Macky Sall est au centre d'une vaste polémique au sein de la classe politique en Guinée Bissau. En cause, le soutien presque' ostentatoire du chef de l'Etat sénégalais à Umaro Sissoko Embalo, déclaré vainqueur par la CNE mais non reconnu par la Cour Suprême et la communauté internationale.

A Dakar comme à Bissau, le chef de l'Etat sénégalais essuie les plus vives critiques non seulement des acteurs politiques mais aussi et surtout de ses collègues ouest-africains. Macky Sall n'a pas attendu la proclamation des résultats définitifs de la présidentielle du 29 Décembre par la Cour Suprême avant de féliciter Umaro Embalo. Il a été le premier chef d’etat africain à le faire et le premier à le recevoir avec les honneurs de la république. A Dakar et Bissau, au sein des institutions régionales et des chancelleries occidentales, la pilule a toujours du mal à passer. Pourquoi un tel empressement du président sénégalais ?

Deux sénégalais tirent la sonnette d'alarme, le politicien Osmane Sonko et le journaliste Babacar Justin Ndiaye. Ces derniers tiennent clairement pour responsable de l'enlisement de la crise post-électorale le Numéro 1 des sénégalais. Macky Sall s'est en effet fendu d'un tweet aux allures de validation de la victoire de Umaro Sissoco Embalo : " à l'issue d'élections libres et transparentes attestais par tous les observateurs, il s'agit à présent de respecter et de faire respecter la volonté souveraine du peuple Bissau guinéen. L'UA et la CEDEAO, les partenaires  doivent continuer à accompagner Bissau pour une paix durable," fin de citation.

Si plusieurs acteurs politiques de premier ont vu en ce tweet une ingérence flagrante, il a aussi provoqué un véritable malaise dans le "syndicat des chefs d'Etat de la CEDEAO.

Sur les réseaux sociaux, l'opposant sénégalais Oumane Sonko a dénoncé "une communication irresponsable et une flagrante ingérence dans les affaires intérieures d'un pays souverain" avant d'évoquer  "l'inculture diplomatique et le mépris des règles élémentaires de bon voisinage" du président sénégalais. 

 

Pour le journaliste et analyste sénégalais, Babacar Ndiaye qui intervenait chez nos confrères de TFM, le parrainage de Macky Sall à Umaro Emballo "a manqué de discrétion et était presque ostentatoire, tout comme l'alliance anti-PAIGC créée, provoquée et scellée par le pouvoir sénégalais", a-t-il déclarer avant de sortir la sulfateuse:" excepté Macky Sall, la majorité des chefs d'état de la CEDEAO ne supportent pas Umaro Embalo. Et pour cause, le personnage est un peu loufoque, problématique et fait des déclarations intempestives. Il dit qu'il sera investi sinon il fera la guerre. Son intention est d'entraîner le Sénégal dans une guerre. Mais dispose -t-il d'une armée pour faire la guerre?", a lâché cet fin connaisseur de la Guinée Bissau.

 

Selon nos informations, Macky Sall et Mahamadou Issoufou sont à ce jour les plus fervents soutiens de Umaro Embalo. Même si Faure Gnassingbé l'a reçu à Lomé, le président togolais s'est depuis ravisé. Préoccupé par sa réélection à  la présidentielle du 22 Février prochain, il ne veut surtout pas froisser Paris et Washington. En Côte d'Ivoire, Umaro Embalo s'est rapproché de Hamed Bagayoko, mais n'a pu obtenir un soutien formel du président ivoirien, Alassane Ouattara. Ce dernier suit de près la situation et s'il semble rester sur la position de la France, il n'hésite pas à confier à ses visiteurs nocturnes son agacement face aux déclarations tous azimuts de Umaro Embalo, et son manque de stature présidentielle.

 

Alpha Condé, c'est l'anti-Embalo en chef. Tancé violemment par Umaro Embalo dans la presse, Alpha Condé s'est abstenu de le critiquer publiquement. Mais en privé, Alpha Condé ne mâche pas ses mots vis à vis de ce "jeune incontrôlable qui n'incarnerait en rien l'image de la jeunesse africaine", nous a confié une source anonyme.

 

La crise post-électorale en Guinée Bissau va certainement redistribuer les cartes au niveau des puissances internationales. Si la Turquie reste mesurée sur son soutien à Umaro Embalo, la Russie, les États-Unis, et la France ont décidé de se positionner pour Domingo Simoes Peirera, vu comme la seule alternative à l'heure actuelle.

 

 

 



Politique