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Congo : Que valent les pro-Mokoko de France ?

Réunis au sein de l’ACB-J3M (Actions pour le Congo-Brazzaville avec Jean-Marie Michel Mokoko), les membres de cette association s’empoignent pour des futilités qui n’en valent pas la peine, alors que l’état de santé de leur champion n’est pas rassurant. Déstructurés, ils mènent des actions sporadiques et dispersées, à rebours de la stratégie du Général Jean-Marie Michel Mokoko. Pour Thierry-Paul Ifoundza, président du Conseil d’administration, il s’agit ni plus ni moins d’une tentative de déstabilisation de l'association ACB-J3M-France. 

Qu’est-ce qui se passe au sein de l’ACB-J3M ?

Thierry-Paul Ifoundza : Permettez-moi de remonter, tout d’abord, le temps. J'ai été élu président de l'ACB-J3M-France en octobre 2018 pour un mandat d’un an renouvelable. En dépit d'une démobilisation générale des adhérents et sympathisants de l'association, j'ai, tant bien que mal, avec une équipe restreinte, mené des activités de sensibilisation sur le sort du Général Jean-Marie Michel Mokoko. Cet exercice a rendu visible l’association. Du moins en partie. Décidé, je n’ai pas lâché le gouvernail. Le navire n’a pas chaviré. Mais est-il arrivé à bon port ? Mon mandat a pris fin sans encombre. J’attends de transmettre le maillet à mon successeur. Maintenant si les anciens membres et, surtout, les anciens présidents, ne veulent pas de l’éclat de notre mouvement, ça n’est pas mon problème.

Vous avez parlé de « démobilisation » des sympathisants. Comment l’interprétez-vous ?

TPI : Ce phénomène n’est pas spécifique à l'ACB-J3M. Sont concernées les associations des Congolais de la diaspora en général. Une seule caractéristique : l’éparpillement. Cela dit, certains membres - dont je tairai les noms - se sont fait corrompre par je ne sais qui, pour déserter l'association ACB-J3M. D’autres, en revanche, avaient rejoint l’association par opportunisme. Quand le Général jouissait de toute sa liberté, ils espéraient se faire repérer, sait-on jamais. Mais quand le Général Mokoko a été incarcéré, ces militants sans conviction aucune n'ont pas jugé utile de continuer à participer aux activités de l'association.

Donc, votre présence à la tête de l’ACB-J3M n’est pas la cause de cette désertion des militants…

TPI : Non ! D’ailleurs, en octobre 2019, date à laquelle je devais remettre mon tablier, j'ai entamé une vaste consultation auprès des anciens membres et présidents de l'ACB-J3M, qui avaient déserté l'association. Mes tentatives de rassemblement se sont avérées infructueuses. Vaines, si vous voulez. Certains m'ont répondu qu'ils préféraient évoluer en solo, d'autres attendent que le Général Mokoko soit libéré pour rejoindre le mouvement. Curieusement, ce sont ces mêmes personnes qui ressassent à l’envi que l'ACB-J3M peine à mobiliser. Dans le bureau sortant, certains postes-clés sont restés vacants, faute de militants désintéressés.

Quel avenir pour l’ACB-J3M ?

TPI : L'ACB-J3M est l'une des rares associations de la diaspora congolaise à avoir des activités visibles. A l'époque où j'en étais le Secrétaire général, nous avions organisé un séminaire-débat sur la gouvernance politique et judiciaire en Afrique francophone, en prenant comme exemples le Congo-Brazzaville et le Togo. En 2019, l'ACB-J3M a organisé un autre séminaire sur la situation du Général Mokoko et les problématiques de nouvelles institutions après la chute de Sassou – que tout le monde espère. Parmi les activités organisées par l'ACB-J3M au cours des deux dernières années, il y a aussi le voyage aux USA d'une délégation conduite par Émilie Macosso et Jean-Raphael Oyabi, respectivement Vice-Présidente et Porte-parole de l’ACB-J3M. Cette délégation, de concert avec la plate-forme nord-américaine des Congolais, avait manifesté devant le FMI pour empêcher l'octroi d'une aide financière à Sassou ; elle avait été reçue par les Institutions américaines (le NED - institution de la promotion de la démocratie). L'ACB-J3M a toujours participé aux manifestations sur la place de Paris pour réclamer la libération des prisonniers politiques ou pour protester contre les multiples voyages des autorités congolaises de fait en France, etc. Nous avons une page Facebook dénommée ACBJ3M avec de nombreux abonnés de Brazzaville et Pointe-Noire. Sur cette page, il y a régulièrement des communiqués et des mises au point sur l'actualité politique congolaise. Je suis donc tombé des nues quand j'ai entendu qu'une prétendue association ou plateforme, « AGIR », dirigée par Jean Paul Ebenga et Francis Tsila (alias Anaîs Polo) existerait en France et agirait pour la libération du Général Mokoko. J’attends de voir et je suis prêt à travailler avec eux, si leur sérieux est avéré. Si ses membres sont intellectuellement et politiquement construits : le mal congolais réside en partie dans son élite. Elle défait la superposition pour la juxtaposition. Chacun veut se faire entendre ; chacun veut paraître le meilleur. Du coup, personne ne veut être derrière quelqu’un. L’élite congolaise s’apparente à un archipel d’égos. C’est notre marque de fabrique, à nous Congolais de France. Nous avons importé en France les mauvaises habitudes bien de chez nous.  

Que valent donc, aujourd’hui, les pro-Mokoko ?

TPI : Au vu de cet embrouillamini, je puis dire que nous ne valons rien et cela conforte le pouvoir de Brazzaville dans ses jugements de valeur sur la diaspora congolaise de France. Je vous rappelle que ceux qui, par un tour de passe-passe, deviennent des « pro-Mokoko » irréfutables, ont toujours décliné l'invitation de l’ACB-J3M, association dont ils se réclament en catimini. Organiser une Convention ou un grand rassemblement pour former une structure cohérente, et une seule, qui réponde aux idéaux du Général Mokoko, a toujours été le projet-phare de l'association ACB-J3M. Mais faute de combattants armés de convictions, l’événement est sans cesse reporté. Je peux dire sans réserve que ces personnes lisses et changeantes vont à contre-courant de nos idéaux et jouent le jeu de Sassou.

Qu’en est-il de la prochaine Assemblée Générale ?

TPI : J'ai finalement pu avoir un quorum pour la réunion du 21 juin 2020 et présenter le rapport moral et d'activités de ma mandature, au Conseil d'administration. Selon les statuts, le président sortant est en même temps le président du Conseil d'administration. A ce titre, il doit gérer les affaires courantes et organiser les conditions de la mise en place des nouvelles instances. Curieusement, certains membres du CA tentent de vouloir passer outre les statuts et le règlement intérieur de l'association, en voulant m'écarter des instances de l'ACB-J3M. Que cachent ces intentions ? Loin de verser dans le procès d’intention, il apparaît clairement que certains voudraient s'emparer de la tête de l'association ACB-J3M pour changer sa dénomination : il suffit pour cela de suivre leurs interventions sur les réseaux sociaux pour s’en rendre compte. Or statutairement, j’ai la responsabilité de continuer les consultations en vue de la mise en place de la nouvelle équipe dirigeante. Je rappelle que l'ACB-J3M est la seule association à qui le Général Mokoko a donné quitus. De ce fait, la rigueur intellectuelle qui le caractérise doit présider à nos travaux.

Que pensez-vous du Communiqué de Norbert Tricaud, avocat de Jean-Marie Michel Mokoko ?

TPI : Dans le désordre actuel, certains membres du CA veulent inviter maître Norbert Tricaud – qui a été membre de l’ACB-J3M de 2016 à 2017 - à la prochaine Assemblée Générale des partisans du Général J3M. Or maître Tricaud a été  désavoué par ses confrères-avocats du Général du peuple, pour avoir fourni une fausse déclaration sur le diagnostic médical. 

On est donc en droit de se demander à qui profitent ces manœuvres de division de la famille politique de Mokoko. Pourquoi cet amateurisme politique au sein de la diaspora ? Deux anciens présidents, Michel Mpandi et Francis Mouketo, se comportent en hommes irresponsables, ils organisent des événements et passent dans des émissions, sans même m’en avertir. Mais bon… Face à cette cacophonie, j'attire l'attention des uns et des autres, de se ressaisir, de réintégrer les rangs de l'ACB-J3M, l’unique association en France créée avec l'aval du Général Jean-Marie Michel Mokoko.

Propos recueillis par Bedel Baouna 






 



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