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Côte d'Ivoire

Côte d’ivoire – Assemblée nationale : Guillaume Soro règle ses comptes avec les “frondeurs”

Interpellé le 12 Décembre dernier à la surprise générale par l’honorable Félix Anoble, député du Parti démocratique de Côte d’ivoire (PDCI), qui a exigé plus de transparence dans la gestion du budget de souveraineté du président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro est sorti de sa réserve. L’ancien premier ministre de Laurent Gbagbo a peu goûté le “bad buzz” , autour de sa gestion jugée “opaque” du budget du parlement ivoirien.

À la faveur des sessions plénières pour la validation de la Loi budgétaire de l’année 2018, Guillaume Soro, d’ordinaire adepte de l’auto-dérision n’avait visiblement pas envie de sourire: ” Ils ont tenté de faire courir le bruit selon lequel c’est parce que le Président de l’Assemblée nationale fait des voyages à l’extérieur, qu’il dort dans les hôtels luxueux en Europe, que le salaire des Députés ne peut pas être augmenté. Ils ont aussi ajouté que j’aurais entre 200 et 500 conseillers, payés sur le budget de l’Assemblée nationale. Alors, je tiens vraiment à ce qu’on se tienne pour dit que je voyage et dors dans les hôtels luxueux avant de devenir président de l’Assemblée nationale, et que je n’accepterai pas la manipulation”, lance-t-il le visage grave.

Les milliards de la primature…

Mais le président du parlement ivoirien ne s’est pas arrêté là; il a notamment fait une référence peu anodine au budget pour le moins conséquent de la primature, alors qu’il était premier ministre de Laurent Gbagbo: ” J’ai été Premier ministre pendant plus de cinq ans. J’ai lu dans un journal que j’ai un fonds de souveraineté ici à l’Assemblée nationale et que c’est de ce fonds de souveraineté que je me sers pour aider le Président Compaoré. laissez le Président Compaoré tranquille là où il est. Oui, le Premier ministre à un fonds de souveraineté. Pascal Affi N’guessan est là, il sait de quoi je parle. Là-bas, on ne parle pas en termes de centaines de millions mais plutôt en termes de milliards. Je n’ai pas de fonds de souveraineté à l’Assemblée nationale”, précise-t-il.

La transparence jusqu’au renoncement de son salaire!

Mais Guillaume Soro, 45 ans, qui en est à sa cinquième année à la tête du parlement en avait gros sur le cœur ce Jeudi 21 Décembre. Il ne s’est pas fait prier pour faire passer un message aux “frondeurs” du parlement ivoirien: ” …..j’ai dit de donner le budget à tous les Députés pour qu’ils le regardent en toute transparence. Et s’ils pensent que dans les 23 milliards, ils peuvent avoir le double de leurs salaires, qu’ils prennent tout le budget. Tout, y compris mon salaire auquel je suis prêt à renoncer. Qu’ils prennent tout. Mais je ne peux pas accepter que les manipulateurs tentent de faire croire aux Députés que je voyage démesurément. Combien de voyages ai-je effectué en 2017 ?”

Les retombées de la diplomatie parlementaire…

Avant de terminer son propos Guillaume Soro a tenu à rappeler aux députés ivoiriens l’importance et les bénéfices tirés de la diplomatie parlementaire qu’il a toujours prôné. Il a notamment cité en exemple l’équipement de l’hémicycle en matériels multimédias, la réhabilitation de son bureau qui n’ont “nullement été financés par le trésor public ivoirien, mais de son offensive diplomatique auprès des Etats-Unis. L’administration Obama en son temps aurait alors octroyé 13 millions de dollars au parlement ivoirien non seulement pour la réhabilitation des infrastructures mais aussi pour la formation des députés ivoiriens.

L’expression du jour: “arrêtez la manipulation”.

Au cours de son intervention, Guillaume Soro a sorti quatre fois le mot “manipulation”. Un message à peine voilé adressé à ceux qui selon lui seraient à l’origine de l’emballement médiatique qu’a suscité sa supposée gestion opaque du budget de l’assemblée nationale ivoirienne. Mais qui manipule les “frondeurs” contre le Che Bogotá? Réponse malicieuse de l’un de ses visiteurs nocturnes qui requiert l’anonymat ” nous sommes dans un pays où tout finit par ses savoir, ce ne sera qu’une question de temps“, fin de citation. C’est sous l’ancienne majorité française, que l’expression “frondeurs” avait vu le jour pour désigner ce mouvement de révolte porté en son temps, entre autres, par Benoît Hamon et Arnaud Montebourg contre François Holllande. Ce dernier l’a reconnu plus tard: « les frondeurs, c’est une épée dans le dos. Et si on ne peut mourir d’un coup d’épée dans le dos, l’on peut en tout cas en être blessé très sérieusement, je m’en suis rétabli » a déclaré François Hollande. De son côté, Guillaume Kigbafori Soro s’en remettra-t-il ? Wait and see !

Avec AfrikaTV



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