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Crise politique en Guinée: nouveaux heurts dans la capitale

De nouveaux heurts ont opposé des centaines de manifestants et les forces de l'ordre guinéennes à Conakry mardi, au deuxième jour d'une mobilisation meurtrière contre un éventuel troisième mandat du président Alphé Condé, ont rapporté un correspondant de l'AFP et des témoins. Des centaines de jeunes très mobiles ont érigé des barricades, brûlé des pneus et lancé des pierres sur les policiers et gendarmes à nouveau massivement déployés à Cosa, Koloma ou encore Bambéto, quartiers périphériques de la capitale et fiefs de l'opposition, ont indiqué ce correspondant et des témoins. Les forces de l'ordre ont riposté par des tirs de lacrymogènes. Des habitants ont fait état auprès de l'AFP d'irruptions de soldats et de policiers dans certains quartiers pour procéder à des arrestations accompagnées de violences. Le bilan des heurts de lundi s'est encore alourdi, passant à cinq manifestants tués après la mort d'un chauffeur de 27 ans, atteint par balle à l'abdomen, selon le médecin qui l'a traité et son père. Les autorités ont fait état, elles, de deux morts, dont un gendarme. Les tensions en Guinée alarment l'ONU, inquiète d'un pays à la stabilité incertaine, coutumier des protestations et des répressions violentes. Elles n'ont cessé d'augmenter depuis que le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), coalition de partis d'opposition, de syndicats et de membres de la société civile, a appelé les Guinéens la semaine dernière à manifester contre le projet prêté au président sortant de briguer sa propre succession à la fin de son deuxième mandat en octobre 2020. L'actuelle Constitution limite à deux le nombre de mandats présidentiels. Sans dévoiler explicitement ses intentions, M. Condé, 81 ans, a lancé en septembre des consultations sur la Constitution. Malgré l'arrestation de ses responsables et le sang versé lundi, le FNDC a appelé sur les réseaux sociaux à continuer à manifester "jusqu’à l’abandon total du projet de troisième mandat et l’arrêt de la mascarade électorale visant à octroyer au parti présidentiel la majorité nécessaire à l’adoption d’une nouvelle Constitution". Dans un communiqué, le FNDC assure que son appel à la mobilisation a été très largement suivi lundi et a provoqué une "paralysie totale" des activités sur tout le territoire. Il dénonce "la répression sanglante" de la contestation, les "dérives autoritaires" du pouvoir et réclame la libération de ses dirigeants arrêtés depuis samedi. Il accuse le gouvernement de préparer la dissolution, "dans les jours à venir, de toutes les organisations de la société civile" opposées à un changement de la Constitution. Le gouvernement a assuré que la mobilisation était restée limitée lundi. La présidence a déploré la "rupture du dialogue" et affirmé "l'engagement total" de M. Condé en faveur de la démocratie, dans un communiqué diffusé lundi soir. Le ton en est contenu, mais le texte réaffirme que la mobilisation est illégale. "Le moment venu", M. Condé fera connaître dans un discours solennel les conséquences qu’il tire des consultations sur la Constitution qu'il a confiées en septembre au gouvernement, a dit la présidence. L'opposition dénonce ces consulations comme une "mascarade". Avec AFP


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