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RD Congo

Élections législatives en RDC : la jeunesse de la mouvance Kabila sacrifiée ?

Ainsi sonne le glas pour une jeunesse militante qui avait fait le choix de gravir les marches de l’ascension politique au sein du PPRD parti phare de la majorité présidentielle sortante. Face à la débâcle du Front Commun pour le Congo et de son candidat à la présidentielle, Adam Chalwe, Michael Sakombi, Patrick Nkanga, Papy Tamba et bien d’autres ont découvert la dure loi de la realpolitik. 

En effet, à l’annonce des résultats provisoires par la CENI, ces jeunes cadres du parti présidentielle s’attendaient à célébrer leur entrée au sein de l’Assemblée Nationale. Mais sur la longue liste énumérée dans la nuit du 12 décembre, aucun d’entre eux n’y figurait. La fête prévue a laisser place à la déception et à l’amertume.

Acte de renouvellement de la classe politique

Ce revers a eu raison d’Adam Chalwe, secrétaire national du parti de Joseph Kabila et coordonnateur de la jeunesse au sein de la Majorité présidentielle (MP). Il a décidé de démissionner de ses fonctions au sein du parti. Pour Adam Chalwe, « le régime [de Kabila] risque de disparaître pendant cette période de cohabitation », si les responsables de sa famille politique « n’adoptent les attitudes d’humilité, de tolérance et de respect de la hiérarchie ». « On ne peut pas faire comme si de rien n’était ! » martèle-t-il à Jeune Afrique.

Pour ce jeune cadre aux ambitions définies, sa démission doit être perçu comme « le premier acte de renouvellement de la classe politique en RDC : dire des choses et faire de la politique autrement ».

Se confiant à Oeil d’Afrique, ce dernier ne cache pas sa déception. « Pourquoi se priver de la jeunesse ? Que je ne sois pas permis les élus peut-être acceptable, mais que l’ensemble de la jeune active du parti soit reléguer chez les perdants est une injustice que nous ne pouvons accepter. » rajoute-t-il.

Pourtant à la question sur la contestation des résultats provisoires, Chalwe reste silencieux. Il semble accuser le coup. « Nous devons continuer. Comme simple militant, mais nous devons aller de l’avant. » dit-il. 

D’autres ne l’entendent pas de cette oreille. Plusieurs jeunes qui ont connu ce qu’ils qualifient d’une « défaite injuste » s’arment de PV et autres justificatifs afin d’introduire des recours à la Cour constitutionnelle. De son côte, Michael Sakombi s’interroge encore sur cette action à mener. 

Pour Papy Tamba, tout en accusant le coup, il ne comprend pas pourquoi il ne se retrouve pas dans la liste des élus de Lukunga. "Dans la seule antenne de Ngaliema qui prend plus de 70% des votants de cette circonscription électorale, pour ne citer que cet exemple, je compte 3 421 voix, alors que celui qui a été proclamé élu dans la même liste que moi (liste PPRD), ne compte que 2 987 voix." dénonce-t-il. Interrogé par notre rédaction, il annonce son dépôt de plainte, via son parti, à la Cour Constitutionnelle. 

Sacrifiés

Selon certaines indiscrétions au sein du PPRD, des pressions auraient été exercées auprès de la Ceni pour que certains poids lourds du parti n’ayant pas récolté le nombre de voix nécessaires soient quand même proclamés élus, quitte à sacrifier des jeunes du parti ayant réellement été élus. But du tripatouillage présumé : « Il fallait des gens durs capables de tenir tête face à Félix Tshisekedi [déclaré provisoirement vainqueur de la présidentielle, ndrl], pas des jeunes qui pourraient être facilement achetés ».

Quoi qu’il en soit, les leçons de la défaite devront être titrées comme le martele certains. Adam Chalwe enfonce le clou « tous les membres de l’exécutif national du PPRD, du secrétariat général de la Majorité présidentielle et de la Coordination du Front commun pour le Congo, car n’ayant pas réussi à faire élire notre candidat à la présidentielle, à tirer les conclusions qui s’imposent, en présentant leurs démissions afin de permettre à mon parti et à ma famille politique de se remettre en cause par un examen de conscience implacable (…) ».

Roger Musandji Nzanza



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