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En Tunisie, les musulmanes pourront désormais épouser un non musulman

Le gouvernement tunisien a levé l’interdiction faite jusqu’ici aux Tunisiennes musulmanes de se marier avec un non-musulman, suite à une recommandation faite dans ce sens par le Président Béji Caïd Essebsi, à l’occasion de la fête de la Femme, le 13 août dernier, a-t-on appris vendredi de source officielle.

Les mariages concernés peuvent désormais être librement actés dans toute municipalité ou chez un notaire en Tunisie ou auprès des consulats, et à défaut, des ambassades de Tunisie à l’étranger.

Exception à la règle, une Tunisienne musulmane pouvait auparavant épouser un non-musulman à la condition que ce dernier se convertisse à l’islam. 

Le chef du gouvernement tunisien, Youssef Chahed, a donné, le 8 septembre dernier, des instructions écrites aux ministères concernés pour annuler pas moins de sept circulaires en vigueur depuis 1973 ayant trait à ce sujet.

En effet, il s’agissait, en fait, d’annuler une batterie de pas moins de sept circulaires dans le cas d’espèce qui concernent les ministères de la Justice (tribunaux), de l’Intérieur (municipalités) et des Affaires étrangères (consulats et ambassades).

Saluée par plusieurs organisations qui militent pour la défense des droits de la femme, cette proposition avait cependant suscité des réactions hostiles dans certains milieux religieux qui la considèrent comme une "atteinte aux prescriptions du Coran".

Un Collectif pour les libertés individuelles discriminatoires jugeait les anciens textes réglementaires "discriminatoires" et "contraires à la Constitution", qui consacre l'égalité entre hommes et femmes.

En revanche, les Oulémas de l’Université théologique de la Zitouna de Tunis se sont opposés à l’appel présidentiel, affirmant, dans un communiqué publié dès le 17 août dernier, que "le mariage d’une Tunisienne avec un non-musulman est interdit par le Coran".

Dans le même discours, le chef de l'Etat tunisien avait aussi lancé le débat sur le sujet délicat de l'égalité entre femmes et hommes en matière d'héritage, martelant que la Tunisie se dirigeait inexorablement vers l'égalité "dans tous les domaines".

Il a, à cet effet, mis sur pied une commission qui se penche depuis sur les questions de l’égalité et des libertés et qui doit rendre ses conclusions à la fin de ses travaux dont les délais n’ont pas été déterminés.

Les propositions du président tunisien ont déclenché une polémique en Tunisie et à l’extérieur, notamment en Egypte où la célèbre mosquée d’Al Azhar s’est déclarée farouchement hostile.



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