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Madagascar: l’opposition maintient la pression sur le pouvoir

L'opposition malgache a maintenu mercredi la pression sur le pouvoir en mobilisant des milliers de partisans à Antananarivo pour exiger la démission du président Hery Rajaonarimampianina, cible de toutes les critiques à quelques mois des élections. Au cinquième jour de leur mobilisation, les manifestants, environ 2.000 selon un journaliste de l'AFP, ont défilé jusqu'au siège de la Cour constitutionnelle aux cris de "Rajao dégage tout de suite !". Ceints de leur écharpe aux couleurs blanc, rouge et vert de Madagascar, plusieurs députés ont déposé une requête en destitution du chef de l'Etat au greffe de la Cour, protégée par de nombreux policiers et militaires en armes. "On suit d'abord les voies légales mais, une fois ces recours épuisés, on fera appel au peuple", a menacé une élue, Hanitriniaina Razafimanantsoa. A sept mois du premier tour prévu des élections présidentielle et législatives, l'opposition occupe les rues de la capitale depuis samedi pour dénoncer les nouvelles lois électorales, qu'elle juge favorables au seul gouvernement. La Cour constitutionnelle malgache doit se prononcer d'ici jeudi sur la légalité de ces textes, qui durcissent notamment les conditions de révision des listes électorales et de candidature à la magistrature suprême. Samedi dernier, une manifestation, interdite par les autorités, a dégénéré en violents affrontements avec l'armée et la police. Selon une source hospitalière, ce face-à-face a fait deux morts et 16 blessés dans les rangs des protestataires, qui accusent les forces de l'ordre d'avoir ouvert le feu à balle réelle. Dimanche soir, le président Rajaonarimampianina a dénoncé une tentative de "coup d'Etat". A l'issue d'un conseil de cabinet, son gouvernement a accusé mardi l'opposition de conduire des "opérations de déstabilisation du régime en place". Malgré cette rhétorique très ferme, les autorités ont levé dimanche l'interdiction de manifester pour, selon le ministre de la Défense, le général Beni Xavier Rasolofonirina, "éviter les affrontements violents qui pourraient entraîner des grands dommages". - 'Va-t-en Rajao!' - La manifestation de mercredi s'est déroulée sans incident. Depuis dimanche, plusieurs centaines de protestataires occupent tous les jours l'emblématique Place du 13 mai, lieu historique de la contestation au coeur de la capitale. "Je suis ici pour dire qu'il nous faut une élection où tout le monde est libre de participer. Je ne veux pas de loi ségrégationniste", a proclamé mercredi à l'AFP un manifestant, Faly Hery Andriamahatazana. "Je veux que Hery Rajaonarimampianina et consorts quittent le pouvoir". "On a mal à cause de ce régime", a dénoncé mercredi à l'AFP un manifestant, Jean Be Mahatianaro, âgé de 60 ans. "L'insécurité nous torture (...) et aujourd'hui, en plus de cela, le régime tue des gens qui veulent juste écouter des députés. Plus question qu'ils restent à leur place. Va-t-en Rajao !" Plusieurs députés de l'opposition ont annoncé leur intention de porter plainte contre le chef de l'Etat et le gouvernement, présentés comme les "responsables de la tuerie de samedi". "Ça suffit, on n'a pas besoin d'un assassin, dégage Rajao", proclamait mercredi une pancarte à l'effigie du chef de l'Etat. Elu en 2013, le président Rajaonarimampianina n'a pas encore annoncé s'il allait briguer un second mandat cette année. En revanche, les deux principaux chefs de l'opposition, Marc Ravalomanana, président de 2002 à 2009, et Andry Rajoelina, au pouvoir de 2009 à 2014, ont déjà laissé entendre qu'ils étaient prêts à se lancer dans la bataille. M. Ravalomanana a été renversé en 2009 après une mutinerie de l'armée qui a permis à M. Rajoelina, alors maire d'Antananarivo, de devenir président non élu d'une transition qui s'est prolongée jusqu'en 2014. Tous deux interdits de candidature en 2013, les deux anciens frères ennemis font aujourd'hui cause commune contre le régime. L'arrivée au pouvoir de M. Rajaonarimampianina a mis un terme aux crises politiques à répétition qui agitaient la Grande Ile. Mais le climat s'est nettement détérioré depuis quelques mois, jusqu'à la fronde de ces derniers jours. Avec l'AFP


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