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Querelle à l’ONU sur la Centrafrique entre Paris, Washington et Moscou

La France, la Russie et les Etats-Unis étaient engagés mercredi dans des négociations pour tenter de dépasser leurs différends sur les efforts de paix en Centrafrique, à l'approche de la date butoir pour le renouvellement du mandat de la mission onusienne dans ce pays. Le Conseil de sécurité doit voter sur la prolongation de la Minusca, la force des Casques bleus en Centrafrique, d'ici minuit jeudi, date à laquelle le mandat de la quatrième plus grande mission de l'ONU expire. La Russie et les Etats-Unis ont émis des objections sur un projet de texte élaboré par la France, qui verrait les Casques bleus appuyer les forces nationales nouvellement formées dans leur déploiement à travers le pays. Le projet de résolution, consulté par l'AFP, pointe également du doigt les récentes tentatives russes de négocier des accords de paix en Centrafrique, en spécifiant que l'initiative de l'Union africaine (UA) était "le seul cadre" possible pour une solution. Moscou a engagé une médiation entre groupes armés, parallèle sinon concurrente de celle de l'UA, avec une réunion fin août à Khartoum. "C'est une espèce de jalousie que nous sommes en train de voir", a dit à l'AFP l'ambassadeur adjoint de la Russie à l'ONU, Dmitry Polyanskiy. "Les efforts déployés à Khartoum ne contredisent pas l'initiative africaine". "Nous n'aimons pas le projet actuel", a-t-il ajouté, en se disant optimiste sur un compromis. La Russie a également formé des centaines de militaires et insiste pour que la Minusca soutienne ces forces, selon des diplomates. L'Union européenne a formé plus de 3.000 hommes et femmes pour qu'ils intègrent les forces armées centrafricaines, et la Russie et la France leur ont fourni armes et autres équipements militaires, avec l'approbation de l'ONU. Les Etats-Unis, qui disent chercher à rationaliser les opérations de maintien de la paix et à les rendre plus efficaces, s'opposent aussi au projet de résolution. Washington insiste sur le fait que tout soutien logistique fourni par la Minusca ne devrait pas entraîner de dépenses supplémentaires, selon des diplomates. Un diplomate français a évoqué "des discussions poussées sur le texte, avec pour objectif d'aboutir à un texte qui convienne à tous d'ici demain" jeudi. Si aucun accord n'est trouvé d'ici là toutefois, le Conseil pourrait décider un renouvellement temporaire de la Minusca pour permettre aux négociations de continuer. Depuis 2013, la quasi-totalité de la Centrafrique vit sous la coupe de groupes armés. La chute cette année-là du président François Bozizé, renversé par l'ex-rébellion de la Séléka qui se proclamait protectrice des musulmans, avait entraîné une contre-offensive des milices antibalaka, prétendant défendre les non-musulmans. Avec AFP


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