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RDC : le retour glorieux sans triomphe de Jean-Pierre Bemba
Si les dix années de prison à Haye ont changé Jean-Pierre Bemba, le président du Mouvement pour la Libération du Congo (MLC), cependant son succès auprès de la population congolaise reste toujours au beau fixe.
De retour en RDC après une décennie passée en prison, Jean-Pierre Bemba n’a eu aucun mal à communier avec une foule venue revoir le leader d’un parti qui durant cette longue absence à compté des nombreuses défections.
MLC vs UDPS
Pourtant à son arrivée à l’aéroport international de Kinshasa, l’ancien vice-président de la RDC a été accueilli par une faible population. Ce qui a très vite conduit certains à comparer ce retour avec celui d’Etienne Tshisekedi en 2011 pour la campagne présidentielle.
Du côté de l’UDPS, la consigne était claire. « Pas d’encouragement pour aller accueillir Bemba. » explique notre source. « Nous avons jamais bénéficié d’une campagne du MLC invitant leurs sympathisants à aller accueillir notre président. Pourquoi devrions-nous faire ce qu’ils ont toujours refusé de faire pour nous ? » s’interroger notre source.
Le MLC pouvait compter sur le pouvoir d’attraction de son leader. Sur le grand boulevard qui emmène jusqu’au siège de son parti, Jean-Pierre Bemba a fait sortir des jeunes, des adultes, des personnes âgées, une foule en délire face à celui qui se veut être le candidat de l’opposition à la présidentielle prévue le 23 décembre 2018.
Véhicules Caillassés
L’un des défis de la police congolaise depuis plusieurs années est la bonne gestion de regroupement de foule. Le retour du sénateur Bemba était une occasion pour les hommes du Commissaire Provincial de Kinshasa, Kasongo Kitenge Sylvano d'en faire la démonstration.
Du côté du MLC, Eve Bazaiba, Secrétaire Général du parti avait dénoncé le traitement qui allait être réservé à son leader. « Après 11 ans d'absence au pays, les autorités politiques ont interdit qui lui soit réservé un accueil au pied d'avion, son véhicule ne devra pas rouler à une vitesse de moins de 40km/h, si non la police nationale sera obligée de faire usage des gaz lacrymogènes ou tout autre outils à sa disposition pour disperser la population et enfin, il ne lui ai pas permis d'accéder à la résidence familiale dans la commune de la Gombe, car c'est un périmètre présidentiel. Le MLC dénonce ce déni de droit d'un citoyen pourtant libre de rentrer tranquillement dans son pays et surtout qui voyage avec son épouse et ses enfants. »
Alors que sur les réseaux sociaux, les images de véhicules caillassés et fumigènes font uruption, l’autorité policière de la ville de Kinshasa s’explique :
« La police a encadré, avec professionnalisme, le cortège du sénateur de l'aéroport international de N'djili jusqu'au siège de son parti sur l'avenue de l'enseignement dans la commune de Kasavubu. [...] Néanmoins, un incident a été enregistré à la hauteur du quartier Mikondo dans le district de la Tshangu. Un groupe d'inciviques s'est attaqué à la police avec des projectiles. Un véhicule de la police a été caillassé. Le sénateur Bemba a failli attraper un projectile sur le visage. C'est grâce à la vigilance des éléments commis à la sécurité du cortège que monsieur Jean-Pierre Bemba a gardé son intégrité physique. [...] »
Le retour du sénateur Bemba devrait faire bouger les lignes. Partisan d’une candidature unique de l’opposition à la présidentielle du 23 décembre, Jean-Pierre Bemba retrouvera alors Martin Fayulu et Vital Kamerhe fervent soutiens à l’union des oppositions.
Afin de faire face au Front Commun pour le Congo qui a annoncé ce lundi la signature de sa charte constitutive par 23 gouverneurs sur les 26 en fonction, les opposants congolais devront outrepasser les considérations partisanes.
Roger Musandji
Oeil d'Afrique
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