Politique
Manifestations
Une foule de manifestants à Alger malgré un important dispositif policier
Des milliers d'Algériens sont descendus dans les rues malgré un important dispositif policier, lors du 20e vendredi de manifestations contre le pouvoir, crucial pour les deux camps après une proposition de sortie de crise du président par intérim. Criant "Partez, libérez l'Algérie", les manifestants à Alger ont forcé un cordon de policiers, munis de casques et de boucliers et postés à quelques mètres de l'esplanade de la Grande poste, bâtiment emblématique des rassemblements, a constaté un journaliste de l'AFP. Des témoins ont rapporté une dizaine d'arrestations parmi les manifestants. Au son d'hymnes à la gloire des martyrs de la guerre d'indépendance dont l'Algérie célèbre ce vendredi le 57e anniversaire et en agitant le drapeau national, les Algériens ont répondu à l'appel lancé par des personnalités pour faire du 5 juillet "la concrétisation de la libération de l'Homme, après la libération de la patrie" du pouvoir colonial français en 1962. Depuis la démission le 2 avril du président Abdelaziz Bouteflika sous la pression de la rue et de l'armée, le mouvement de contestation refuse que le "système" en place organise la présidentielle, et réclame au préalable le départ de tous les anciens soutiens de M. Bouteflika, resté près de 20 ans au pouvoir. Mercredi, le président par intérim Abdelkader Bensalah a proposé la création d'une instance de dialogue pour organiser une présidentielle et promis que l'Etat et l'armée ne s'y impliqueraient pas. "Ou c'est vous (le pouvoir) ou c'est nous, on ne s'arrêtera pas", ou encore "pas d'élection bande de mafieux" ont crié les manifestants, rejetant à nouveau la feuille de route du pouvoir. - "Mêmes propositions" - "Ils (le pouvoir) sont en train de reformuler les mêmes propositions. Leur seul objectif est de maintenir le système en place. Donc pas de dialogue dans ces conditions", lance une manifestante de 28 ans, Linda Hamrouche. Un premier appel au dialogue, lancé début juin par M. Bensalah et limité à la classe politique, avait aussi reçu une fin de non-recevoir de la contestation. La présidentielle, initialement prévue le 4 juillet et rejetée par les manifestants, a été annulée faute de candidat. Alors que le délai de 90 jours prévu par la Constitution pour l'intérim expire théoriquement dans les prochains jours, M. Bensalah a dit qu'il resterait à son poste jusqu'à l'élection d'un nouveau président. Selon le site indépendant TSA (Tout sur l'Algérie), le nouvel appel risque aussi d'être rejeté "si les autorités ne s'empressent pas d'annoncer des mesures concrètes d'apaisement". Partis d'opposition, société civile et observateurs attendent de voir comment cette proposition va être concrétisée car aucun nom n'a été avancé à ce stade pour le dialogue. "Je sortirai vendredi comme je le fais depuis quatre mois, jusqu'à l'élection d'un président légitime. On a réalisé un grand objectif: Bensalah ne conduira pas le dialogue, il est +out+ même s'il reste en poste", a dit à l'AFP Ali, un employé de banque de 47 ans. La journée est un test pour la contestation, après un appel à des manifestations "massives" lancé par le célèbre avocat et défenseur des droits humains, Me Mustapha Bouchachi, ainsi que par le diplomate et ex-ministre Abdelaziz Rahabi et d'autres personnalités. - "Libérez les détenus" - Samedi, des partis politiques, des représentants de la société civile et des personnalités nationales doivent tenir une réunion intitulée "assises nationales du dialogue". Cette initiative "vise à mettre en place des mécanismes pour sortir de la crise et aller, dans des délais raisonnables, vers l'organisation" d'une présidentielle, a déclaré M. Rahabi. Une autre revendication de la contestation est l'arrêt des interpellations de manifestants. Si le président par intérim a salué le caractère pacifique du mouvement et la "retenue des forces de sécurité", les arrestations de manifestants et mises en garde lancées par le général Ahmed Gaïd Salah, chef d'état-major de l'armée, se sont multipliées. Pour la contestation et de nombreux observateurs, le président par intérim n'est pas le détenteur du pouvoir réel, assumé par le général Gaïd Salah, qui avait refusé les revendications de la contestation. Amnesty International a appelé les autorités à libérer les manifestants détenus et à "respecter les droits à la liberté d'expression, d'association et de réunion pacifique pendant les rassemblements". Avec AFPPolitique
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