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Cameroun: Paul Biya embastille Maurice Kamto dans le sang

Une barbarie indicible a lieu au Cameroun. Le régime de Paul Biya vient de blesser par tirs de balles réelles des manifestants citoyens dans les rues du pays. Le Président élu du pays, le Professeur Maurice Kamto et certains de ses proches conseillers ont été emprisonnés hier, au mépris total des libertés pourtant garanties par la constitution. Notre correspondant Saint-Just Massoda raconte.

Le régime de Paul Biya – au pouvoir depuis 37 ans - vient de franchir toutes les limites dans l’usage disproportionné de la VIOLENCE contre le peuple camerounais.

Mobilisés pour dire NON au hold-up continu des ressources financières du pays, NON au hold up électoral répétitif de la souveraineté du peuple, et NON au hold-up des libertés constitutionnelles des citoyens du Cameroun, les citoyens sortis dans les rues du pays et dans la diaspora à l’Appel du Président élu par les Camerounais le 7 octobre 2018 le Professeur Maurice Kamto, subissent coups et blessures par matraques et balles, emprisonnements, humiliations et vexations de toutes sortes depuis le 26 janvier 2019.

Des cadres de l’opposition, tels Maître Michèle Ndocki et Célestin Ndjamen et de nombreux autres militants, viennent d’être blessés par balles tirées à bout portant dans leurs jambes par la milice tribale logée par Paul Biya au cœur des armées et police du Cameroun. La brutalité des scènes vécues et racontées dépasse toute imagination.

Les soldats de Paul Biya se comportent comme une armée coloniale contre la population : ils tabassent, blessent, humilient et tuent impunément ! Les noms et visages de certains des exécuteurs de ces barbaries circulent. Les Camerounais payent à nouveau le prix du sang pour avoir simplement essayé d’exercer leur droit le plus élémentaire. Leurs seuls crimes supposés ? Avoir manifesté leur colère par des marches pacifiques à travers les rues des différentes et principales villes du pays. Le ras-le-bol national est total.

Et comme si cela ne suffisait pas, depuis hier 28 janvier 2019, le Président élu du Cameroun, le Professeur Maurice Kamto, qui a sonné courageusement l’éveil national camerounais, vient d’être jeté en prison avec ses proches conseillers, Christian Ekoka Penda et Albert Dzongang, des hommes pourtant connus de tous pour leur modération et leur sens de la patrie.

L’usage des tirs à balles réelles contre les marcheurs par les forces barbares de Biya est largement documenté et devrait constituer une base évidente pour que des poursuites internationales soient lancées contre le régime pour violations répétées et ostentatoires des droits humains. On voit en particulier, grâce à des vidéos amateurs prises via des téléphones portables de citoyens, des soldats armés de mitraillettes tirer dans les jambes des manifestants, tout en proférant des injures grossières et des injonctions indignes d’une armée républicaine. L’ensauvagement du Cameroun par la milice tribale de Biya est désormais une banalité.

Il urge donc, sans aucun doute, que les grandes puissances occidentales, dont notamment la France, qui continuent de soutenir, d’armer et de financer le régime et bientôt quarantenaire de Paul Biya, prennent toutes leurs responsabilités. Autrement, le risque court d’un embrasement total du pays par une guerre civile aux conséquences incalculables.

Après le Cameroun anglophone, le Cameroun francophone est définitivement en ébullition. Nous avons parcouru rues et quartiers de trois villes, Yaoundé, Douala et Bafoussam, en trois jours. La tension est perceptible et la volonté populaire d’en découdre définitivement est énorme. Les images des manifestations des camerounais de la diaspora crépitent aussi sur les téléphones à travers le pays et galvanisent les énergies.

Les manifestations citoyennes lancées par le Président Kamto semblent par ailleurs bénéficier d’un soutien populaire très large, qui augure d’une montée en puissance inexorable de la colère dans le pays. Des millions de Camerounais devraient sans doute se retrouver bientôt dans les rues, dans un duel décisif de récupération des libertés fondamentales bafouées par la soldatesque du satrape Biya, qui risque fort bien d’être définitivement débordée et sabordée par les citoyens déterminés.

Saint-Just Massoda

Correspondant au Cameroun



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