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Crise au Niger : quand les dirigeants de la CEDEAO jouent avec le feu

Dans quelques heures, l’ultimatum de sept jours donné à la junte nigérienne va expirer. Les pays de la CEDEAO menacent d’intervenir militairement au Niger si le président Mohamed Bazoum n’est pas rétabli dans ses fonctions. Le Mali et le Burkina Faso ont promis de soutenir militairement la junte nigérienne dans le bras de fer qui l’oppose à l’organisation sous-régionale.

La pression s’est accentuée lorsque les chefs d’état-major du bloc ouest-africain réunis depuis trois jours à Abuja, au Nigeria, ont annoncé avoir « défini les contours » de cette «éventuelle intervention militaire». Doit-on s’attendre au pire dans les heures qui suivent?

S’il est encore trop tôt pour le dire, on peut néanmoins affirmer que les dirigeants de la CEDEAO jouent avec le feu en menaçant d’attaquer le Niger. Non seulement le risque d’un embrasement sous-régional généralisé est bien réel, mais certains de ces pays risquent d’être confrontés à des problèmes internes sérieux. Au Nigeria, des voix s’élèvent déjà contre toute intervention militaire chez le voisin nigérien; et on voit bien que le malaise est bien réel dans toute la sous-région malgré les gesticulations des uns et des autres.

De mon point de vue, il y a de fortes chances qu’une confrontation militaire ouverte entre la CEDEAO et l’axe Niger-Mali-Burkina-Faso renforce les régimes militaires en place dans ces trois pays auprès de la jeunesse africaine. De plus, les dirigeants de certains pays de la CEDEAO risquent d’être confrontés à des opinions publiques très hostiles à la guerre contre un pays frère. Cette hostilité pourrait conduire à des frictions au sein des armées de ces pays et donner des idées à des « putschistes » en herbe en devenir. Bref, on risque d’assister à des bouleversements inattendus dans certains pays de la sous-région si l’on y prendre garde...

Patrick Mbeko - Analyste Politique,
Auteur de plusieurs livres sur la crise dans la région des grands lacs



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