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Congo Brazza: Jean-Jacques Bouya, Gilbert Ondongo, Claude Alphonse Nsilou dans le collimateur de l’audit présidentiel

C’est l’histoire d’un pays qui n’a jamais pris le temps de s’auto-examiner. Un pays qui a depuis plusieurs années profité de la richesse de son sous-sol et de son pétrole pour nourrir à coup de milliards de CFA, Président, famille présidentielle, ministres et dirigeants de sociétés d’Etat. Mais, cette histoire a fini par jouer un mauvais tour à ces enfants gâtés de la république. 

Alors pour mettre fin à la corruption et la mauvaise gouvernance, le Président de la République du Congo, Denis Sassou Nguesso a pris la décision de lancer avec l’assistance technique du Fond Monétaire International (FMI), un audit qui va sans doute le conduire à se séparer de certains ministres dont l’implication dans des nombreuses affaires de détournement de deniers publics sont légions. 

 

Trois ministres sur la sellette 

 

Le tout-puissant ministre de la Direction des Grands Travaux, Jean-Jacques Bouya qui hier encore était un intouchable semble de plus en plus fragilisé par des révélations qui font les grands titres de la presse locale et internationale. 

 

Figurant sur la liste des hommes les plus riches du Congo, Jean-Jacques Bouya devra justifier l’origine de sa fortune. À l’international, l’Espagne a lancé une procédure judiciaire contre le ministre, suspecté d’être le véritable propriétaire d’une villa d’une valeur de 3 millions d’Euros. 

 

Au niveau national, c’est la course aux millions via des sociétés écrans. Serge Berrebi, un homme d’affaires français qui se dit « spolié par les autorités congolaises », connaît les mécanismes. « Depuis une dizaine d’années, il [Jean-Jacques Bouya] a la responsabilité de toute construction et de tout marché au-dessus de 300 000 euros. Une grande partie de la corruption passe par la surfacturation de ces grands travaux.» dit-il. 

 

L’onde de choc a été de taille lorsque le pot aux roses concernant l’immeuble de l’éphémère compagnie aérienne ECAir a été découverte. Jean-Jacques Bouya aurait donc réussi selon des indiscrétions à utiliser une société chinoise Zhengwei Technique Congo (SZTC) pour la construction du bâtiment moyennant des rétrocommissions. 

 

Depuis, Jean-Jacques Bouya a été écarté des négociations avec le FMI après avoir été l’un des principaux négociateurs de la dette du Congo. 

 

L’autre ministre qui voit son avenir s’assombrir est le ministre de l’économie Gilbert Ondongo. De 2014 à 2015, alors ministre des Finances, monsieur Ondongo a joué un jeu trouble avec son collègue des Grands Travaux. En effet, les indiscrétions ont révélé la mise en place entre ces deux ministres d’un compte alimenté par Ondongo. Un moyen pour Jean-Jacques Bouya de faire appel aux entreprises chinoises dont les travaux et les prestations n'ont pas été préalablement par le gouvernement. En retour ces entreprises savaient se montrer généreuses. 

 

Le nom de Gilbert Ondongo ministre des Finances de 2009 à 2016, figure également dans le dossier épineux concernant la mauvaise gestion de la Société Nationale des Pétroles Congolais (SNPC). Selon la direction de ladite société « le ministre des Finances de l'époque signataire des "Lettres de Confort" précisant l’objet et les montants de dettes souscrit par la SNPC pour le compte de l’Etat Congolais requis pour les préfinancements ont été signées par Gilbert Ondongo. La totalité des fonds levés, à la demande et pour le compte de l’Etat, a été transférée dans le compte du Trésor à la Banque centrale et utilisée sous la coordination et l’ordonnancement du Ministre des Finances Gilbert Ondongo. »

 

Il y a également le cas du ministre Commerce, des Approvisionnement et de la Consommation (avec rang de ministre d'État), Claude Alphonse Nsilou. Sa gestion du portefeuille de l’urbanisme et de l’habitat de 2002 à août 2017 est fortement critiquée. Comme le révèle nos confrères de la Lettre du Continent, les agents de la Société de promotion immobilière (Soprim) et de la Société nationale des habitations à loyer modéré (SNHLM) lui reprochent notamment d’avoir marginalisé ces deux entités publiques au profit de structures fondées par des proches du pouvoir congolais, qui sont gestionnaires de l’attribution des logements "sociaux" du camp Clairon et des Résidences de Bacongo, à Brazzaville. Ministre sans discontinuer depuis 2002, Claude Alphonse Nsilou dirige le rassemblement citoyen, parti chargé de porter la parole présidentielle dans le Pool (Sud) son département d'origine.

 

À la tête d’un pays gangrené par la corruption et le pillage de deniers publics, le Président Denis Sassou Nguesso n’a plus d’autres solutions que de se séparer des ministres dinosaures, responsables de l’échec économique d’un pays qui ne pouvait connaître pareille crise. 

 

Le président Sassou Ngeusso n’a plus de choix. S’il veut rassurer les marchés et obtenir le soutien du FMI, il va falloir entamer les réformes nécessaires. Et les ministres nommés plus haut ne pourront alors pas faire partie de l’avenir du Congo. 

 


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