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Côte d’Ivoire: cacophonie au sein du RHDP au grand jour

Comme souvent les coalitions politiques en Afrique ont comme durée de vie le temps d'un mandat électif. En Côte d'Ivoire, l'alliance qui a gagné les dernières présidentielles s'appelle Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP). Un mariage à plusieurs dont les deux mouvements phare sont le PDCI de Henri Konan Bedié et le RDR d'Alassane Ouatarra. Mais les engagements d'un jour peuvent-ils encore avoir de la valeur à l'aube de la fin du deuxième mandat du Président Ouattara ? 

Alors que certains voudraient se référer aux termes de l'accord de 2005, d'autres présentent l'appel de Daoukro comme l'acte qui saurait départager les deux parties. A un peu moins de trois ans de la fin du mandat d'Alassane Ouattara, les appétits des uns et des autres provoquent une cacophonie au sein du RDHP. Difficile pour les ivoiriens de faire la différence entre les différentes parties. Qui dit vraie? Qui dit faux? 

Il y a eu la première mutinerie. Suivie d'une deuxième au mois de mai dernier. Puis, il y a eu la découverte d'une cache d'armes dans le domicile du chef du protocole du Président de l'assemblée Nationale Guillaume Soro. Ensuite vient l'interview du PAN ivoirien dans le magazine Jeune Afrique accompagnée d'un éditorial qui a ouvert la boîte de pandore contenant les multiples affaires judiciaire de monsieur Soro.  

Poids lourd. C'est au plus haut de la vague que l'ancien Président de la république Monsieur Henri Konan Bedié décide de remettre les choses en place. "Soro est mon protégé.", "Soro n'est pas intéresser par 2020. Il me l'a dit.", "le PDCI aura un candidat en 2020.", "l'accord de Daoukro est toujours d'actualité" explique HKB dans les colonnes de Jeune Afrique. Du pains bénis pour Guillaume Soro. Un soutien de poids qui va également permettre d'éloigner des adversaires qui ont fait de lui un homme à abattre avant 2020.  

De son côté le président Bedié reste confiant sur la suite des événements et rien ne saurait empêcher le choix du PDCI d'être le candidat unique du RHDP.  En 2020, « le PDCI aura un candidat. Ce sera le candidat unique du RHDP […] L’alternance, c’est bien ce que dit l’appel de Daoukro », souligne Bedié. 

RDR aura son candidat. Le RHDP ne règle plus ses différents en interne. C'est désormais par média interposé que les échanges s'effectuent. C'est ainsi que le secrétaire général du RDRJoël N'Guessan a répondu à Henri Konan Bedié. 

"La déclaration d’Henri Konan Bédié concerne les militants du PDCI. Pour le RDR, seul notre congrès est habilité à décider de ce qu’il va se passer en 2020. […] Si Monsieur Bédié a décidé d’avoir un candidat, et bien qu’il laisse la possibilité aux autres de faire de même. Mais il ne peut pas dire que le RDR va s’inféoder à une décision qu’il prend seul. Cela n’est pas possible." Affirme le SG du N'Guessan

Puis d'expliquer selon lui l'appel de Daoukro. "L’appel de Daoukro n’a pas dit que le président Bédié pourrait désigner un candidat du PDCI pour succéder à Ouattara. L’appel de Daoukro est diversement interprété mais Alassane Ouattara a dit que ce serait le meilleur des Ivoiriens au sein du RHDP qui serait notre candidat. Et cela, après la mise en place du parti unifié. Aujourd’hui, ce qui compte c’est le parti unifié. Ce n’est pas ce débat malsain sur l’alternance.

En attendant la réponse du PDCI à Joël N'Guessan, on peut aisément comprendre qu'il sera bien difficile à Alassane Ouattara et Henri Konan Bedié de calmer les appétits de leurs poulains désireux d'en découdre et de sortir d'un accord qui au final ne les concerne pas. 

Roger Musandji
Oeil d'Afrique



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