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DÉMISSION DE ROBERT MUGABE : LE TESTAMENT POLITIQUE DU PÈRE DE L’INDÉPENDANCE

« MOI, ROBERT GABRIEL MUGABE, LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE (….) REMETS MA DÉMISSION DE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DU ZIMBABWE AVEC EFFET IMMÉDIAT ». TELS SONT LES PREMIERS MOTS DE LA LETTRE DE DÉMISSION DE ROBERT MUGABE DONT JACOB MUDENDA, PRÉSIDENT DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE A FAIT LECTURE, HIER, DEVANT LES DÉPUTÉS ET SÉNATEURS EN SÉANCE PRÉVUE POUR LA DE DESTITUTION DE CE DOYEN DES DIRIGEANTS AFRICAINS. LES MÉDIAS DU MONDE N’ONT RETENU QUE CES MOTS ET LES QUELQUES SCÈNES D’EXPLOSION DE JOIE DANS LES RUE DE HARARE, MAIS LA DÉMISSION DE ROBERT MUGABE REVÊT UN CARACTÈRE TESTAMENTAIRE REMARQUABLE.

LES ACQUIS DE LA RÉVOLUTION...

Le vieux leader, qui sait « ses jours comptés sur terre» en considération de son âge fort avancé, n’a pas adressé sa lettre à l’Assemblée nationale juste pour annoncer sa démission. Plus que cela, la lettre l’a servi de tribune pour présenter le bilan de la révolution, dans un langage presque personnalisé, à son peuple dont il est conscient d’avoir perdu quelque peu d’estime suite au bras de fer ayant opposé son épouse Grace Mugabe aux vétérans de la révolution zimbabwéenne, à la révocation du vice-Président Emmerson Mnangagwa, à la tentative du coup d’État militaire ainsi qu’à la propagande de ses adversaires qui n’attendaient que sa disparition de la scène politique. Cette disgrâce lui semble d’une courte durée. « Vous m’apprécierez plus quand je serai parti », écrit-il pour ainsi exprimer tout son espoir de réhabilitation dans le jugement de l’histoire à venir. Il a surtout tenu à faire graver dans la mémoire le sens de son sacrifice héroïque, l’apport de son combat révolutionnaire et surtout la raison de ses trente ans de sa présence à la tête de Zimbabwe. « J’ai combattu bec et ongle toute ma vie politique pour m’assurer que vous ayez tous une indépendance politique et économique » fait-il savoir à ce propos avant d’enchaîner qu’«une chose dont je suis fier est que j'ai travaillé dur pour que nos ressources naturelles et notre terre soient rendues, à leur juste valeur, à vous, propriétaires, le peuple noir du Zimbabwe », se félicitant ainsi d’avoir fait la différence des autres dirigeants d’Afrique. « Aller à d'autres pays en Afrique, Juste ici à travers Limpopo, en Afrique du Sud – écrit-il pour l’étayer - Mandela a vendu et a donné toute la terre et l'économie aux blancs. Les Noirs en Afrique du Sud seront des esclaves aux Sud Africains blancs pour toujours. Tant que la terre est aux Blancs, l’Homme noir continuera à souffrir dans son propre pays ». Et il fait savoir à son peuple qu’ « ils sont les seuls Noirs à posséder et à exploiter les moyens de productions, leurs propres entreprises et leurs terres ».

...ET UN COMBAT EN HÉRITAGE

Robert Mugabe a également lancé un appel au peuple pour la poursuite du combat et la sauvegarde des acquis de la révolution. « C'est à vous d'utiliser l'éducation que je vous ai donnée pour développer la terre afin qu'elle soit productive, et que vous puissiez vous nourrir (….). La vraie richesse est maintenant entre vos mains, je l'ai arrachée aux Blancs qui venaient vous la voler. Oui, le monde était en colère contre moi et punissait le pays entier de sanctions, mais je m'en fiche parce que je sais je faisais la bonne chose: je donnais du pouvoir à mon peuple. Vous devez prendre soin de la terre et des industries que je vous ai données.
J'ai fait ma part, et la balle est maintenant dans votre cour. Faites votre part. Vous vous souviendrez de moi et m’apprécierez pour ce que j'ai fait pour vous quand je serai parti .... »

Il reste, à présent, à l’histoire de juger l’homme, sa révolution et ses successeurs….

Joseph Anganda



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