Chroniques


Afrique

Où sont les femmes?

Cette année encore, nous allons assister à une déferlante de constats sur notre non-représentation et à un rappel des initiatives qui marchent ou qu’il faudrait encourager. 

Mais la réalité c’est ce que nous avons progressé en nombre dans la proportion de femmes à des postes de haut niveau. Cependant, est-ce que plus de femmes équivaut à plus d’influence ? Parce qu’elles sont plus nombreuses à des niveaux de direction, ont-elles un plus grand pouvoir ?

L’ influence au niveau professionnel est définie par une combinaison de 3 facteurs:
– Le niveau de contribution que le leader a dans les décisions stratégiques 
– La part d’avoirs financiers que supervise le leader
– La taille et le statut des collaborateurs qui reportent au leader 

Bien souvent, et quand bien même les postes occupés par les femmes seraient de haut niveau, elles peinent encore à se situer à la pointe de ces 3 critères. 
Et pourtant, des études ont démontré que les entreprises qui comptent des femmes dans leur comité de direction ont une meilleure performance .

Mais est-ce uniquement du fait de la société ?

La femme aussi à sa part de responsabilité. En effet, 88% des femmes préfèrent travailler avec des hommes. On entend très souvent:
– « Je ne m’entends pas avec les femmes » 
–  » Mes amis les plus proches sont des hommes « 

Pourquoi?
Est-ce la peur d’être soupçonnées de féminisme ou de communautarisme en s’entraidant pour nommer plus de femmes aux postes de responsabilités ?
Ou encore est-ce le besoin de se renier en tant que femme pour mieux se couler dans le moule masculin ?

Dans un milieu professionnel encore très masculin, beaucoup de femmes reproduisent les stéréotypes, estimant que travailler avec un homme, c’est «moins d’emmerdements »
Alors que chez les hommes la cooptation se pratique depuis des siècles, elles oublieraient au passage de nommer d’autres femmes à des postes de responsabilités .
Selon la sociologue du travail Danièle Kergoat , «la domination masculine est tellement intériorisée par les femmes qu’elles se minorent elles-mêmes. Elles se renient en tant que genre dévalorisé et plein de défauts. Toutes des salopes, sauf moi…donc ma misogynie me protège contre l’identification à une catégorie dénigrée.»
Cette absence de solidarité féminine contribuerait au non-avancement des femmes. »

Alors comment lutter si les femmes elles-mêmes sont leurs propres ennemis ? Il semble que ce soit encore un sujet tabou car cette question est peu abordée, même pour ceux qui se battent pour les droits des femmes. 

Ce phénomène de rivalité est pourtant latent, « la rivale c’est toujours l’autre », et cette certitude ne peut que saper la confiance que les femmes ont en elles-mêmes. Il devient urgent :
– d’en prendre conscience.

– de faire la part entre le stéréotype et la réalité.

– de ne pas projeter sur les autres ses propres peurs.

« Il ne s’agit pas de s’aimer les unes les autres, dans une sororité un peu béate, mais de trouver une certaine forme de paix. 

Et les hommes alors ?

Les initiatives pour l’égalité en Afrique ont longtemps été portées par et vers les femmes. Les hommes sont de plus en plus sensibilisés et appelés à s’engager. Cependant le grand défi à relever est de faire en sorte que les hommes se sentent concernés puis que les décideurs en fassent une priorité. 

Il est important que les hommes intègrent qu’ils sont un nouveau levier de l’égalité. Que ce soit par opportunisme ou par conviction, l’important c’est d’agir. Nous devons en faire des alliés pour obtenir de nouvelles avancées et pas s’inscrire en opposition. 

C’est pourquoi chez Leader en Elle, nous attachons une importance particulière à l’implication de l’homme au sein de nos activités. Dans notre ambition d’agir pour la promotion de l’excellence et du leadership de l’Afrique et plus particulièrement de la femme africaine, notre réseau d’experts est composé d’hommes et de femmes. 

A travers ateliers de coaching, formations et programmes de mentorat, les hommes trouvent en Leader en Elle la plate-forme appropriée pour partager leur expérience, mentorer des jeunes filles et véhiculer des valeurs de réussite.

De plus, dans le cadre de partenariats à fort impact social à l’instar du programme SheIsTheCode (formation et insertion professionnelle en Informatique, leadership et entreprenariat ) ou encore le programme MiLédou pour l’égalité femme et homme de LYSD,  tous deux portés par des hommes engagés sur le terrain auprès des femmss, nous démontrons que ensemble nous pouvons faire bouger les lignes. 

En effet, la dynamique réseau que nous apportons aux femmes est une réponse à ce manque de solidarité. Les actions de valorisation du professionnalisme et du leadership de nos constituantes est une réponse à notre manque de représentativité

Notre programme de mentorat est une réponse au manque d’accompagnement. Et les opportunités d’affaire sur le continent entre acteurs de notre réseau sont de véritables leviers de croissance. 

S’il est un adage qui résumerait l’essence de la cause qui nous réunit tous les 8 Mars et définirait au mieux notre initiative, c’est « Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin »….

Béatrice LOBE NJIANGA 
Co-founder Leader en Elle

En savoir plus 
www.leaderenelle.com 
@LeaderEnElle sur Twitter



Chroniques