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RDC: Pourquoi les ambassades congolaises vendent-elles les passeports bien au-delà du prix officiel?

Encore un scandale financier qui éclabousse les dirigeants Congolais. L'enquête menée par l'agence de presse américaine Reuters révèle un montage permettant au clan Kabila de se servir dans la grosse enveloppe des recettes des ventes de passeports. S'il est à se questionner sur les bénéficiers d'une partie du prix de ce document de circulation – vendu 185 $ (environs 174 €) dont 65 $ pour l'Etat congolais – une autre interrogation s'impose également à nous. Pourquoi les ambassades congolaises vendent-elles les passeports bien au-delà du prix officiel? 

Le passeport congolais est un sésame qui vaut de l'or. Les candidats à l'acquisition de ce document de circulation sont également nombreux. Dans un pays qui compte selon les estimations un peu plus de 70 millions d'habitants, le marché du passeport biométrique ferait le bonheur de tout entrepreneur et d'une administration en mal de recettes. 

Dans la restauration, il est dit, "un tour dans les toilettes d'un restaurant te donnera une idée sur la propreté de la cuisine." Cette expression populaire peut également être appliquée aux ambassades. "Il suffit de visiter une ambassade pour apprécier la gestion du pays qu'elle représente." La situation des ambassades de la RD Congo est presque un cas d'école. Avec bâtiments délabrés, personnel vieillissant, tracasseries administratives, corruption passive ou bakchich. Ces édifices transpirent la déliquescence de l'administration congolaise. 

Alors que tout est quasiment dit sur les dérives de la gestion des recettes que générées la vente des passeports congolais. Il est à s'étonner sur les prix appliqués par les ambassades. En effet, il existe une disparité entre les villes d'achat du fameux sésame.  

Les cas de Paris, Bruxelles et Anvers  

Dans la capitale parisienne, le prix du passeport est à 240 €. Soixante-six euros (66 €) au-dessus du prix officiel. Depuis l'informatisation des démarches administratives avec un paiement en ligne par carte bancaire, l'ambassade installée sur les bords de la seine se targue d'une transparence sans failles. Mais le mécontentement est tous les jours grandissante du côté des Congolais victimes de lenteurs quant à la délivrance de leurs passeports. 

"À  Paris, ils ont décidé de tout mettre sur Internet comme si mes parents qui ont plus de 60 ans allaient réussir à se connecter et suivre la procédure. Heureusement, que mes frères et moi sommes là pour les aider. Ont-ils pensé aux personnes ne métrisant pas les ordinateurs?" Dénonce un Congolais dans la salle d'attente de l'ambassade. 

Dans la salle les langues ne tardent pas à exprimer leur indignation.  "J'ai attendu trois semaines voire un mois pour recevoir "une attestation d'attente".  Et une autre d'ajouter "Aujourd'hui cela fait trois mois que j'attends mon passeport qui n'arrive toujours pas de Kinshasa.

En Belgique, le cas de l'ambassade à Bruxelles et le consulat à Anvers étonne par leur prix. Un passeport est facturé 300 € (126 € au-dessus du prix officiel) dans la capitale belge alors qu'à Anvers le tarif est de 280 € ( 106 € au-dessus du prix officiel). L'écart entre les deux représentations ne trouve pas de réponse. Mais pour certains les prix en vaut la chandelle. "J'ai besoin d'un passeport pour le renouvellement de ma carte de séjour. Je suis prêt à payer ce qu'il faut "sans exagération bien sure" tant que j'ai le document dans un délai raisonnable. J'ai accepté de payer 300 euros parce qu'ici "l'attestation d'attente" vous ai remise surplace. Et on garantit la délivrance du passeport en moins de deux mois." Explique notre interlocuteur.  

Contactées par Œil d'Afrique, ces trois ambassades ont refusé de répondre à nos questions. L'effet Reuters sûrement. Il est à s'interroger sur l'origine des écarts de prix entre l'officiel et ceux qui sont appliqués par les trois ambassades. Est-ce pour la gestion administrative des ambassades, Les salaires des diplomates, des engagés locaux ou le règlement des factures ? De même que l'on peut se questionner les moyens alloués par le gouvernement de la RDC aux représentations diplomatiques à travers le monde afin de travailler dans les meilleures conditions et obtenir les résultats diplomatiques escomptés.  

Que penser du silence des chancelleries? Il est important pour écarter toutes suspicions que les responsables des chancelleries congolaises à l'étranger s'expliquent sur l'utilisation de ce surplus.  

Roger Musandji Nzanza 



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