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France : Kemi Seba relâché après sa garde à vue

L’activiste béninois Kemi Seba, arrêté le lundi 14 octobre à Paris, a été libéré ce jeudi 17 octobre, après quatre jours de garde à vue. Accusé d’« intelligence avec une puissance étrangère » et d'« atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation », aucune charge n’a été officiellement retenue contre lui. Son avocat, Juan Branco, affirme que son client a été la cible d’une « manœuvre politique » visant à faire taire son engagement contre le néocolonialisme français en Afrique.

Une arrestation musclée et contestée

Kemi Seba, connu pour son militantisme panafricaniste et sa critique virulente des relations entre la France et l’Afrique, avait été interpellé par des agents de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) à Paris, alors qu’il était en possession d’un passeport diplomatique nigérien et d’un visa Schengen valide. Selon son avocat, l’interpellation s’est déroulée de manière « violente » et l’activiste a été retenu dans les locaux de la DGSI pendant plusieurs jours sans que des faits précis ne lui soient reprochés.

Juan Branco, s’exprimant après la libération de son client, a dénoncé une arrestation qu’il estime motivée par des raisons politiques : « Kemi Seba a été arrêté en représailles pour son engagement contre le néocolonialisme et son influence grandissante en Afrique. Cette procédure, montée de toutes pièces, n’a pour but que de réduire au silence une voix qui dérange. »

Accusations d’« intelligence avec une puissance étrangère »

Les accusations d'« intelligence avec une puissance étrangère » font suite à la proximité affichée de Kemi Seba avec certains pays comme la Russie, où il a tissé des relations, notamment à travers son rôle de conseiller spécial auprès de la junte militaire au Niger. Certaines de ses actions auraient, selon plusieurs sources, été soutenues financièrement par des entités russes, notamment le groupe Wagner. Toutefois, Juan Branco a réfuté toute idée d’activités secrètes, critiquant la qualification d'« intelligence avec l’ennemi » : « Il n’y a rien de secret dans les relations de M. Seba avec ces pays. Il a toujours affiché publiquement ses déplacements et ses positions, en toute transparence. »

Branco a également précisé que son client « n’a jamais cherché à servir une puissance étrangère pour asservir l’Afrique », et que ses relations avec des pays comme la Russie ou le Venezuela s’inscrivent dans une stratégie géopolitique visant à soutenir l’émancipation des peuples africains. Selon lui, cette arrestation aurait pu être organisée « sur instructions gouvernementales », voire « en accord avec l’Élysée ».

Une garde à vue prolongée, puis levée sans inculpation

La garde à vue de Kemi Seba a été prolongée au maximum du délai légal, mais aucune charge formelle n’a été retenue contre lui à l’issue de son interrogatoire. L’activiste a donc été relâché, mais reste sous surveillance étroite. Juan Branco a critiqué la durée de cette garde à vue, qu'il qualifie d'injustifiée, ajoutant que cette affaire illustre « l’acharnement judiciaire » dont son client ferait l’objet.

Quel avenir pour Kemi Seba ?

Bien que libre, Kemi Seba reste sous la menace d’éventuelles poursuites, et son avocat n’écarte pas l’hypothèse d’une future tentative d’expulsion vers le Bénin, son pays d’origine, où il pourrait être confronté à de nouvelles accusations. « La France, en relâchant Kemi Seba, tente de minimiser l’ampleur de cette affaire. Mais nous savons que des pressions peuvent être exercées pour le faire taire, voire l'extrader vers un pays où il risque la prison à vie pour ses opinions politiques », a déclaré Juan Branco.

Pour l'heure, l’activiste n’a pas fait de déclaration publique à sa sortie de garde à vue, mais ses soutiens dénoncent une tentative d’intimidation visant à brider son activisme. Ses prochaines actions seront scrutées de près, tant par les autorités françaises que par les mouvements panafricanistes qu’il continue de défendre.

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