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Tribune – Covid- 19 : Perdre son père à cause d’un manque d’oxygène
Patricia et Hélène Razafindrakala ont perdu le père des suites du Covid-19. Mais les deux soeurs analysent la perte précipitée de leur père au delà de la pandémie qui sévit actuellement. La gestion approximative de la pandémie par le gouvernement malgache est dénoncée. Manque de vaccins, manque d'oxygène... Le pays voit les malades mourir sans réelles solutions.
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Un peu plus d’un an après la mise en quarantaine des deux principales villes malgaches, nous avons parcouru la ville d’Antananarivo à la recherche d’un établissement pouvant prendre en charge notre père, atteint par le coronavirus. Après de longues péripéties, nous avions fini par trouvé une place au centre de traitement Covid-19, au village Voara à Andohatapenaka. Dès le deuxième jour, il est resté sans oxygène pendant 4 heures. On lui a dit : « Papa, prépares toi, on est à court d’oxygène ! » Il a répondu « D’accord » puis il s’était mis à faire des exercices de respiration. Nous l’avons perdu le troisième jour, à savoir le 25 avril 2021.
Comment ne pas ressentir colère et indignation lorsqu’on sait que ce jour là il a fallu attendre 7 longues heures pour être approvisionné en oxygène ! Qu’il a fallu par la suite trouver en urgence du scotch car la bouteille fuyait ! Qu’il a fallu se partager à plusieurs la bouteille tant attendue ! Qu’on a parcouru la ville sans en trouver !
Comment se taire face aux cris et pleurs des malades et de leurs familles, face aux trop nombreux cas de mort par asphyxie !
Comment ne pas avoir envie de crier notre colère à ceux qui nous gouvernent quand on a eu à faire à une équipe médicale, démunie et fuyante face à la détresse des malades et de leur famille !
Et dire que nous ne sommes qu’au début de ce qui s’apparente à une deuxième vague de propagation du virus et de ses variants.
Tant de vies ont été fauchées depuis les mois de mars et d’avril en raison de COUPURES D’ÉLECTRICITÉ et de PÉNURIES d’OXYGENE. Les problèmes de stock d’oxygène et de délestage auraient dû être traités en amont. Cela fait juste plus d’un an que cette pandémie a frappé le monde ! N’est-ce pas criminel de ne pas avoir anticipé des éléments aussi basiques !
Comment rester silencieux quand le décompte officiel national présente un nombre de mort équivalent voir inférieur aux seuls décès que nous voyions autour de nous ! Sans parler de l’intégralité du centre, ni de la ville et encore moins du pays. De plus en plus de témoignages similaires se font entendre.
Nous nous indignons que nos morts soient passés sous silence pour une histoire d’image ou de problèmes de recensement. Et peu importe la raison de cet écart abyssal entre le décompte officiel et ce que nous voyons autour de nous. Tout ce que nous voulons c’est qu’il soit corrigé pour permettre une meilleure protection de la vie du peuple. Vous avez été élus pour ça, notre défunt père a voté en faveur de ce gouvernement pour ça. C’était un professeur d’université, qui toute sa vie a été animé par l’intérêt commun.
Le lundi 03 mai, 2 000 bouteilles d’oxygène ont été importées par l’Etat. Étant donné ce que nous avons vécu et vu, ce chiffre nous paraît dérisoire. Il représente 0,00007 % des 26,97 millions d’habitants comptabilisés en 2019.
La mère hospitalisée
En ce jour où nous avons décidé de nous exprimer, notre mère est hospitalisée. C’est comme ça que nous avons appris qu’une personne infectée par le virus peut avoir une chute de la concentration d’oxygène dans le sang sans que des difficultés respiratoires soient constatées tout de suite, on parle d’hypoxie silencieuse.
Tout ça pour dire que nous avons besoin de beaucoup plus de bouteilles d’oxygène, nous avons besoin de plus de concentrateurs d’oxygène.
Beaucoup de personnes se soignent à domicile, faute de moyens financiers, fautes de places disponibles ou tout simplement parce que c’est leur choix, facilitez leurs l’accès à un oxymètre de pouls pour pouvoir pallier à temps à un niveau de saturation trop bas en oxygène.
Nous l’avons expérimenté avec notre père, puis avec notre mère, les médicaments gratuits sont adaptés aux formes légères et modérées de la maladie. Sans entrer dans les détails il nous a fallu nous approvisionner en médicaments spécifiques pour agir efficacement sur la tension, le diabète sans parler des analyses sanguines et des à côtés. Une meilleure prise en charge financière des cas les plus graves, et notamment des patients avec comorbidités s’avère nécessaire en raison du niveau général de pouvoir d’achat de la population.
Voilà notre cri du cœur : anticipez, évitez l’hécatombe !
Patricia et Hélène RAZAFINDRAKALA
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