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Evasion fiscale en Afrique : À qui profite le crime?

L'Afrique perd chaque seconde par jour 7.100 dollars. C'est le compteur de l'évasion fiscale africaine qui nous le détermine. Ce compteur de l'évasion fiscale est alimenté par les sociétés multinationales des ex-puissances coloniales. (Boygue, Total, Bolloré, ENI, Shell, Nestlé...)

À l’instar des autres pays de la planète, les pays africains doivent faire face à l’évasion fiscale (illégale par nature) et à l’optimisation fiscale des multinationales. Chaque année, entre 40 et 80 milliards USD échapperaient au continent tandis qu’environ 60 % des marges qui y sont réalisées par les multinationales ne profitent pas aux pays d’implantation car bien souvent rapatriées dans les pays d’origine des multinationales et/ou dans des paradis fiscaux.

Christian Savestre dans une tribune dans " pour Press " il y a une année tirait la sonnette d'alarme en démontrant la négation l’évasion fiscale en Afrique. En Afrique, ce sont 224 milliards de dollars d’évasion fiscale chaque année, c’est 9,4 % de son PIB (2 384,8 milliards de dollars en 2017) et 175 dollars par habitant contre 6,5 % pour l'Union européenne et 4,4 % pour la France. Mais l'Union européenne, c’est 512,4 millions d’habitants et un PIB de 33.836 dollars par habitant. La France, c’est 67,1 millions d’habitants et un PIB de 38.484 dollars par habitant. L’Afrique, c’est 1.28 milliards d’habitants et un PIB par habitant de moins de 1.864.

Ainsi, 224 milliards de dollars s'évaporent chaque année du continent et qui l'empêche de satisfaire aux besoins élémentaires du plus grand nombre.  L'évasion fiscale en Afrique est odieuse, aussi odieuse que la dette dénoncée par les sociétés civiles africaines comme jadis Thomas Sankara à la tribune de l'OUA en 1986.

L'évasion fiscale vampirise, creuse les déficits des budgets des États et les empêche de réaliser à cours moyen et long terme des investissements dans le cadre de la prospective notamment dans certains domaines prioritaires comme l' éducation et la santé.

L'évasion fiscale est perçue au regard de ce qui précède en Afrique comme le énième asservissement après l'esclave la colonisation, la dette illégitime et la dette coloniale, le pillage systématique des ressources et la destruction d'environnement par les multinationales nationales qui exploitent les ressources naturelles en complicités avec certains dirigeants corrompus qui perçoivent des prébendes. 

Cette évasion fiscale intervient à nouveau pour creuser cette dette illégitime avec des intérêts qui, évidemment pour les pays africains sont nettement supérieurs à ceux que connaissent les pays occidentaux qui se transformer en bailleurs de fonds internationaux eux-mêmes pillés par les multinationales. 

Le pillage d'Afrique avec la complicité de certaines dirigeantes marionnettes est faisable parce que le continent recèle des trésors et est aujourd'hui en plein boom économique. Le FMI il y a peu de temps à spécifié dans un rapport que l'Ethiopie était le pays le plus dynamique au monde avec un taux de croissance de 10 % derrière il avait des pays comme la RDC, le Niger $, Congo avec des taux de croissance de 7 % environ.

En effet, les organisateurs de l’évasion fiscale et leurs clients n’ont aucun dogme comme disent maintenant les « experts en communication » sur tant de sujets pour prétendument faire audace d’innovation derrière laquelle se cache en réalité des reculs humains et sociaux majeurs : ils pillent (fiscalement) avec autant de ferveur (celle de leur religion de l’argent tout-puissant) les peuples pauvres que les peuples riches. 

Pour eux, il n’y a pas d’intérêt général qui vaille. C’est leur intérêt particulier qui prime d’abord et avant tout. Les citoyens des pays dits développés qui assistent passivement au détricotage méthodique et continu de tous les services publics et de toutes les protections sociales -notamment mises en place au lendemain de la Seconde Guerre mondiale – feraient bien de prendre conscience de ce qui se passe en Afrique.

L’intérêt général n’existe pas pour ce pouvoir économique là, et s’il a prévalu à certains moments de l’histoire dans tel ou telle partie du monde, il est nécessaire de le circonscrire à sa plus simple expression. 

Qu'à cela ne tienne , il sied de dire que la prise en compte de l’intérêt général, s’il n’est pas possible d’y échapper complètement, doit s’effectuer dans un cadre marchand et totalement privatisé (au pire dans le cadre de ces partenariats public-privé qui s’accomplit au bénéfice du privé et au détriment du public). Et pour imposer cette sacro-sainte règle, rien de tel que d’affamer les Etats, en les pillant de leurs ressources fiscales. 

La conscience collective de l'élite politico-administrative qui est à la tête de nos états à intérêt dans les meilleurs délais de ne ménager aucun effort pour stopper cette énième évaporation de nos ressources. l'Afrique n'est pas condamné à demeurer la pourvoyeuse des richesses pendant ses populations croupissent dans la misère totale.

Face à des techniques d’évasion et d’optimisation fiscales de plus en plus sophistiquées, les administrations fiscales africaines sont bien souvent sous équipées, sous-dimensionnées, pas assez formées pour mener une lutte efficace contre ces fléaux pour les finances publiques et plus largement pour les populations. Le retard technologique de nombreux Etats ainsi qu’un arsenal législatif peu adapté compliquent plus encore la tâche des administrations fiscales.

L'évasion fiscale est un crime qui profite aux multinationales qui opèrent en Afrique et aux dirigeants corrompus du continent qui vivent des prébendes. 

Rodrigue Fenelon Massala



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