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Fin de Barkhane : le paradoxe sahélien de Macron

Le compte à rebours pour le retrait des soldats français de Barkhane du Sahel vient de sonner. Le président français Emmanuel Macron annonce une «transformation profonde» de la «présence militaire» française au Sahel.

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C’est un retrait qui était envisagé depuis plusieurs mois. Cette fois-ci, il pourrait être réalisé. Un enterrement de première classe pour Barkhane. En tout cas, le président français, Emmanuel Macron a annoncé, jeudi 10 juin, lors d’une conférence de presse à l’Elysée, «la fin de l’opération Barkhane en tant que opération extérieure». Face aux journalistes, le chef de l’Etat français est plus explicite : (…) A l’issue des consultations que nous conduirons avec nos partenaires, en particulier nos partenaires américains et européens, dans le cadre de l’EUTM, nous amorcerons une transformation profonde de notre présence militaire au Sahel dont les modalités et le calendrier seront communiqués dans les semaines à venir». Le président français fixe à fin juin le début de cette transformation de la présence militaire française au Sahel.

Après sept ans de lutte contre le terroristes au Sahel, la Force française Barkhane, née en 2014 des cendres de l’opération Serval, qui a permis de stopper nette aux portes de Bamako, une horde de Djihadistes, s’en va donc. Il faut comprendre que depuis le début de l’année, les positions des autorités françaises sur le maintien ou non de Barkhane au Sahel ont varié, surtout que le sentiment anti français était devenu grandissant. A force que les attaques terroristes se multipliaient sur la zone que Barkhane était censée défendre, la majorité des Français ne comprenaient pas pourquoi «leurs frères» mouraient bếtement dans le désert. 

Le deux poids deux mesures de la France 

Malgré tout, même acculée par d’autres puissances, telle que la Russie, la France entend sauvegarder une partie de ses intérêts au Sahel. Paris va garder certaines de ses positions militaires au Sahel, et ceci grâce à ses partenaires européens et américains. D’où le changement de modèle, comme le précise Emmanuel Marcon, «pour permettre une opération d’appui, de soutien et de coopérations aux armées des pays de la région, qui le souhaitent et de la mise en œuvre d’une opération militaire et d’une alliance internationale associant les Etats de la région et des partenaires strictement concentrés sur la lutte contre le terrorisme ». Autrement dit, c’est le nom de Barkhane qui change, mais pas que les soldats français vont abandonner le terrain... diplomatique.

D’ailleurs, Macron le dit de manière très subtile en annonçant une alliance internationale dans laquelle, les Forces armées françaises constitueront la colonne vertébrale. Macron avertit toutefois que la présence durable dans le cadre d’opérations extérieures de la France ne peut pas se substituer au retour de l’Etat et aux services de l’Etat, à la stabilité politique et au choix des Etats souverains.

Sur ce, il semble se tirer une balle dans le pied puisque la France ferme les yeux sur certaines pratiques de chefs d’Etat africain, notamment les validations de troisième mandat anticonstitutionnel, souvent source d'instabilité politique ou lorsque Paris a béni le coup d’Etat au Tchad, avec la prise du pouvoir par Mahamat Idriss Déby, après la mort d' Idriss Déby. Aujourd'hui, Macron constate qu’au Mali, la Force Takuba, supposée prendre la relève de Barkhane, peine à prendre la mayonnaise.

Ainsi, la France se sent seule, si seule dans ce combat contre le terrorisme, avec toutes les dépenses que ça implique. Elle est obligée de changer de fusil d’épaule ayant compris qu’elle ne peut pas toute seule gagner la bataille contre l’hydre djihadiste. D’où l’acte de décès de Barkhane que le président français vient de signer. Et pourtant, lors du sommet de N’Djamena, Macron avait indiqué avoir renoncé à réduire les effectifs de la force Barkhane, qu’il voulait d'abord en finir avec les groupes liés à Al-Qaïda qui entretiennent le chaos dans la bande sahélienne. Il avait même appelé à «décapiter» les groupes affiliés à Al-Qaïda. Aujourd’hui, ces djihadistes semblent être au summum de leur macabre loisir. 

Oeil d'Afrique



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