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Mahamat Idriss Déby sourd à l’appel des Tchadiens

Les rebelles tchadiens se disent favorables au dialogue avec le Conseil militaire de transition. Ce dernier, avec à sa tête Mahamat Idriss Déby, leur a opposé une fin de non-recevoir. Alors que l’option de la négociation semble plus appropriée à l’état actuel pour aller vers un gouvernement d’union nationale. 

Au Tchad, après les obsèques nationales offertes à Idriss Déby, tous soutiennent presque le même point de vue : la stabilité et l’intégrité du pays. Cela passe d’abord, comme l’a affirmé le président français Emmanuel Macron, par la stabilité, l’inclusion, le dialogue et la transition démocratique. C’est le rôle que tous voudraient que le Conseil militaire de transition joue.

Le général aux 4 étoiles, Mahamat Idriss Déby, ayant succédé à son père à la tête du Tchad, a mécaniquement renversé la marche juridictionnelle du Tchad. Il a fait dissoudre l’Assemblée nationale et le gouvernement, foulant au pied la constitution, qui préconise que le président de l’Assemblée nationale doit diriger le pays en cas de vacance du pouvoir. 

L’intérêt du Tchad d’abord

Cette prise de décision a été tellement précipitée que de nombreux Tchadiens, du moins représentatif au plus haut gradé, l’ont assimilé à une sorte de coup d’Etat. Surtout que des présidents de la sous-région, de même que le président français ont légitimé le «putsch» du Général Mahamat Idriss Déby. Cela est compréhensible pour le rôle de stabilisation, à travers ses forces armées, que le Tchad incarne au Sahel et ailleurs.

Mais, Mahamat Idriss Déby devrait d’abord voir l’intérêt du Tchad et des Tchadiens s’il prétend être à la tête du pays pour permettre à son pays d’être stable, d’inclure toutes les forces vives de la Nation au dialogue et d’assurer la transition démocratique à l’issue des 18 mois que le Conseil s’est fixé avant de passer la main. 

Dans ce cas, il pourrait en aucun cas rejeter la main tendue des autres entités des populations du Tchad et aussi des rebelles du Front pour l’alternance et la démocratie au Tchad (Fact) qui disent être «disponibles à observer un cessez-le-feu». Les rebelles disent être sur la même longueur d’onde que l’opposition et la société civile, qui réclament un dialogue inclusif comme l’a souhaité, vendredi à N’Djamena, Emmanuel Macron, lors de son oraison funèbre à Idriss Déby. 

Un bras de fer sur la tombe de Deby

Vu la situation du pays, le Général Mahamat Idriss Déby ne l’entend pas de cette oreille. Il veut d’abord avoir une emprise sur le Tchad et ses institutions même s’il devra laisser des plumes au front. C’est pour cela, déjà, à l’invite des rebelles, le Conseil militaire de transition leur a aussitôt opposé une fin de non-recevoir. Le CMT veut au contraire poursuivre les rebelles tchadiens qui se seraient repliés en territoire nigérien à plus de 600 km de Ndjamena, selon les radars du Général Mahamat Idriss Déby.

Toutefois, Déby fils ne doit pas se mettre à dos la majorité des Tchadiens qui ne veulent que vivre dans la paix et pouvoir bénéficier le partage équitable des ressources du pays. En tout cas, si Deby fils campe sur sa position non négociable vis-à-vis des rebelles et des autres entités du pays, il risque de maintenir le Tchad dans une spirale de violence et continuer à enfermer les populations dans leur misère.

De par son intransigeance, Déby fils est en train de construire un bras de fer qui n’a pas sa raison d’être à l’état actuel du Tchad, sur la tombe de son père. Alors qu’un gouvernement d’union nationale semble mieux indiqué pour rassurer les Tchadiens et la communauté internationale sur le devenir immédiat du pays.

Oeil d'Afrique



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